Le Festival du film de l'Outaouais (FFO) prenait fin hier soir, après la projection d'une soixantaine de films diversifiés, rares, riches. Un peu comme à chaque festival à la programmation bien ficelée, je suis toujours déçue de n'avoir pu en voir plus lorsqu'ils prennent fin.
Néanmoins, j'ai pu mettre à l'horaire sept films pendant ces deux semaines. Je voulais un peu vous faire part de mes commentaires sur chacun d'eux.
La vie en rose – je l'attendais avec beaucoup d'enthousiasme et je n'ai pas été déçue. Olivier Dahan a écrit un bon scénario qui nous fait connaître la mythique Piaf comme plus grande que nature, comme celle qui était artiste dans la vie comme sur la scène, comme celle que le succès et les drames auront tué la lueur en elle, petit à petit. Là où le film s'alourdit néanmoins, c'est dans ces aller-retour étourdissants dans le temps – il y a une Piaf de 5 ans, de 7 ans, dans la vingtaine, de 44 ans, 45 et 47 ans, je crois! – et aussi dans cette longue finale qui veut très certainement mettre l'emphase sur sa longue agonie et le tragique de sa vie, mais qui beurre un peu trop épais sur le mélo, à mon avis. Mais le film est quand même un must, surtout pour cette interprétation grandiose de Marion Cotillard qui a su faire qu'un avec son héroïne. Et ne serait-ce que pour revisiter l'histoire et les chansons de cette grande dame qui a su et qui continue d'inspirer des générations de chanteurs de par le monde.
Flandres – je savais d'entrée de jeu – parce qu'on m'en avait informé – qu'en allant voir Flandres de Bruno Dumont, j'allais apprécier un film davantage sur le plan de la forme que pour son histoire à proprement parler. Je dois d'abord dire que Bruno Dumont engage des acteurs non professionnels, ce qui confère à ses films une sorte de vérité crue, où les personnes choisies ne sont pas des modèles de beauté ou de physiques types, ils balbutient, ont un physique parfois ingrat, mais sont beaucoup plus pénétrant que les acteurs formés. Dans Flandres, Dumont exploite aborde d'abord et avant tout le quotidien de la vie de campagne française, plate, ennuyeuse, faite de rien. Sinon de sexe pour tromper l'ennui. Puis, les hommes fermiers qui sont en âge, partent pour la guerre – une guerre anonyme, symbolique -, se violent, se trahissent, s'entretuent. Bref, on se rend compte que Dumont s'est surtout attardé à ce que l'humain a de plus animal, à celui qui nourrit ses plus bas instincts, comme ces cochons qui trainent dans le poulailler; ils se trainent dans la boue, mangent, dorment, baisent, se bouffent entre eux, et reviennent à ce cycle encore et encore. Le réalisateur semble aussi faire un parallèle entre cette vie dans les Flandres et celle à la guerre, puisque les personnages vivent des deux côtés des crises existentielles et de folie. Autrement, les images sont belles, toujours avec beaucoup de ciel et beaucoup de terre. Le film se prend doucement, puisque non complaisant.
Je vais bien, ne t'en fais pas – après Flandres, je n'avais pas envie d'un film lourd de guerre comme en proposais l'horaire ce soir-là. C'est pour cette raison que je me dirigeai vers ce «thriller familial» sobre qu'est Je vais bien, ne t'en fais pas. Si avec Flandres, on appréciait surtout la forme, ici c'est surtout le scénario qui surprend. Une jeune femme revient d'un voyage en Espagne pour constater que son frère jumeau a claqué la porte de sa demeure après une dispute avec son père. La pauvre, sans nouvelle de son complice de toujours se mettra dans un état épouvantable, allant jusqu'à refuser de manger et d'être hospitalisé. Elle vivra cette galère jusqu'à ce qu'elle reçoive une carte postale de frérôt qui fait la belle vie en voyageant, le sac sur le dos. Après un an de cartes, elle se mettra finalement à sa recherche. je vous en dis pas plus. Sinon, que le film est mignon, que l'histoire est super bien menée et qu'en sortant de là, on est quitte pour un bon divertissement! Surveillez peut-être sa sortie en vidéo dans la section répertoire de votre vidéo d'ici quelques mois.
13 Tzameti – Film affolant de Gela Babluani! L'histoire? Un jeune homme répare le toit d'une maison quand son riche propriétaire meurt soudainement d'une overdose. En épiant, il avait appris que ce dernier avait reçu une convocation mystérieuse qui était censée lui rapporter beaucoup d'argent. Il décide donc de suivre la trajectoire décrite dans l'enveloppe jusqu'à une maison creux dans les bois.
Le film est tourné en noir et blanc et est franchement une grande réussite sur le plan technique. On est en haleine tout le long du film qui est non sans rappeler Das Experiment dans son propos. À découvrir!
Immeuble Yacoubian – j'ai appris ce matin qu'il avait été couronné prix de la critique hier. Et avec raison! Ce film qui fait un bon trois heures est d'une grande richesse. On y découvre les habitants d'un immeuble central dans Le Caire, avec les riches qui vivent dans les appartements, et les pauvres qui vivent sur son toit. Au passage, on découvre les tourments d'un homosexuel, les amours difficiles d'une jeune fille et de son ami extrémiste musulman, la vie chaotique d'un notaire richissime dont la soeur ne laisse aucun répit, etc. Ce sont donc trois heures vite passées puisque l'on a en quelque sorte trois films en un. Le jeu des acteurs est très appréciable et le portrait que l'on fait du Caire, pénétrant. à noter qu'il est présenté à deux reprises dans le cadre de Diverciné!
Cashback |
Cashback – quand j'ai vu la bande annonce de ce film, j'étais très intriguée. Mais il faut dire que celle-ci montre la scène la plus forte du film, soit celle où le personnage de Ben qui a la faculté de mettre la vie sur 'pause', dénude les femmes d'une allée de supermarché où il a pris un boulot de nuit, pour les dessiner comme bon lui semble. Ben est un étudiant en art devenu insomniaque, qui a trouvé une façon bien particulière d'utiliser les huit heures qu'il a gagné par jour : en travaillant dans un supermarché et en s'adonnant à ces séances de création. Quelle jolie prémisse, me direz-vous. Malheureusement, la tentative de Sean Ellis d'avoir fait un long métrage à partir de son court (nominé aux Oscars) échoue. On sent qu'il y a eu du «bourrage». La tangente moralisante est encore plus appuyé dans un long métrage et le film se résume finalement à un bon film d'ados avec son lot de personnages clichés, comme le patron hystérique et les employés de supermarché qui font des courses de paniers dans les allées. Enfin, vous voyez le genre. Un divertissement honnête tout de même, qui est un bel hymne à la beauté des petits riens, mais j'aurai probablement préféré le court.
Avril – une très belle surprise que ce film qui raconte le sort d'Avril qui est sur le point de faire ses voeux solennels de bonne soeur, apprend qu'elle a un frère jumeau vivant et elle part à sa recherche. Elle découvre ainsi un monde qu'elle ne soupçonnait pas et elle peut enfin vivre sa passion des couleurs et de la peinture comme bon lui semble. Elle découvrira la fraternité, le plaisir de la bonne table, du sable et de la mer. de l'amour aussi. Jusqu'à ce que son passé revienne en surface et jette la lumière sur ses origines. D'une grande beauté sur le plan humain et une découverte que cette jeune actrice française Sophie Quinton qui joue merveilleusement bien aux côtés de Miou-Miou notamment. À voir absolument. Il a aussi remporté le prix du public du FFO soit dit en passant.