Photo: Marlène Gélineau Payette |
Je suis allée voir Forêts de Wajdi Mouawad hier.
Que dire.?
Quels mots choisir pour vous décrire le sentiment de plénitude qui m'habite encore après avoir vu cette grande fresque théâtrale.?
Cette sensation ne m'a pas quitté encore et je pense bien qu'elle restera en moi encore pour quelques jours. Je me suis gavée de mots et d'images et la digestion est longue et douce…
Que dire d'autre sinon que Wajdi Mouawad est un auteur de génie qui a une façon particulière de mettre en place ses oeuvres – six mois à temps plein avec ses comédiens et son équipe de production – conférant sagesse mais aussi puissance au produit fini.
Que dire sinon qu'il a assemblé une distribution franco-belgo-québécoise sans faille qui multiplie la force ardente de la pièce.
…On sort de ce 4 heures et on se dit qu'on aurait bien de la difficulté à décrire l'histoire de la pièce, sinon que sa thématique est encore et toujours selon les thèmes de la tétralogie de Wajdi, à savoir ceux d la recherche des origines, de l'identité, .
On peut quand même parler de Loup (joué par Marie-Ève Perron), une adolescente qui ressent un mal de vivre effroyable par rapport à ses origines et qui ira à la recherche de celles-ci en remontant jusqu'à six générations de femmes. Loup qui porte le poids et la douleur de toutes ces vies écorchées par l'amour et l'amitié, par les liens du sang qu'elles déchirent et reconstruisent.
Sur la photo: Marie-Ève Perron, Linda Laplante et Marie-France Marcotte Photo: Marlène Gélineau Payette |
Enfin, c'est une forêt certainement touffue dans laquelle nous plonge Wajdi Mouawad (qui n'est pas sans rappeler celle décrite par Pierre Lapointe sur son plus récent album soi dit en passant); les fils sont nombreux et sont certes difficiles à dénouer, mais cet exercice vaut la chandelle puisqu'on s'abandonne complètement en plongeant jusqu'au fond du gouffre dans le récit. On se plait à faire le voyage avec Loup, une âme perdue qui s'accroche à la vie. Malgré tout.
Parce que… pour reprendre l'expression de Wajdi lui-même, si dans Incendies les réponses à cette quête des origines se trouvent dans la généalogie, dans Forêts, elles se trouve dans les ténèbres.
Enfin, je sais que je ne fais que chatouiller votre intérêt à vous transmettant quelques impressions à l'envolée comme ça, mais sachez que le théâtre de Wajdi est un objet rare, qui marquera les annales du théâtre d'ici.
Finalement, que dire sinon que… nous sommes choyés de l'avoir à la direction du Théâtre français du Centre national des arts à compter de septembre, puisqu'il nous sera certainement donner de voir ses prochains projets.
**à noter que la pièce sera présentée jusqu'à samedi au Théâtre du CNA.
***à noter aussi qu'à l'émission Art circuit ce samedi sur les ondes de Radio-Canada, Katerine Lunet Rollet reçoit Emmanuel Schwartz et Marie-Ève Perron, deux comédiens de Forêts. L'émission prend les ondes à 12h30 samedi, en reprise à RDI à 14h30. Autres sujets de reportage de la semaine: Prix de théâtre Radio-Canada/Le Droit, les Junos de dimanche, les 6es Nuits acadiennes…