Sébastien Ricard, Céline Bonnier et Marie-Claude Langlois dans Vivre Photo: Yanick Macdonald |
Il y a de ces soirs où il serait mieux de rester chez soi. Pas que le spectacle que je suis allée voir hier était inintéressant, bien au contraire, mais je n'étais pas en «état» de l'apprécier à sa juste valeur. Je m'explique.
Je suis allée la pièce Vivre de Brigitte Haentjens d'après l'oeuvre de Virginia Woolf. Juste la mention de cette auteure anglaise du 19e siècle m'intéressait beaucoup. Je dois dire que j'avais été très marquée par le film The Hours que Stephen Daldry qui tournait autour de l'oeuvre Mrs Dalloway de Virginia Woolf et j'avais été dès lors très intriguée par le mystérieux personnage qu'était cette auteure…
La découverte de la distribution de Vivre a achevé de piquer ma curiosité, puisque c'est la grandiose Céline Bonnier qui prend les traits de la mythique Woolf alors que Sébastien Ricard joue à ses côtés (principalement en tant que Orlando, le personnage androgyne d'un de ses romans les plus marquants).
Et je ne peux pas dire que j'ai été déçue. Mais, malade, j'aurais dû choisir un soir où j'étais plus en forme puisque je n'ai pas pu appréciée à sa juste valeur plusieurs passages de la pièce.
Je pense que Brigitte a eu un projet audacieux en tentant d'explorer les mots et la vie de l'auteure pour en ressortir un objet théâtral non conventionnel. J'appris par la suite que tous les mots utilisés dans la pièce sont strictement des mots écrits par Virginia Woolf. On assiste à la pièce Vivre comme on lirait un des romans de Woolf en fait. C'est plutôt exigeant puisque la littérature est dense et appartient au siècle passé, mais une poésie en émane et l'immense talent de Céline Bonnier qui incarne la chétive femme suicidaire obsédée par ses romans et ses mots, réussit à garder notre attention.
De ce que j'ai pu en ressortir (comme je vous dis, je n'étais pas dans mon assiette), il y avait de jolies idées scéniques comme le fait que les deux autres comédiens agissaient parfois comme de simples «entités» qui symbolisaient les démons intérieurs de Virginia, face à l'écriture ou à ses sentiments. Les corps des comédiens interféraient beaucoup dans la pièce, signifiant l'importance des personnes qui ont jalonné le parcours de l'auteure. Mais il faut savoir qu'elle vivait beaucoup dans sa tête cette Virginia, dans une sorte de «folie littéraire» dont elle ressortait rarement. C'est dans cette matière que Brigitte a voulu plonger, dans la psychologie de l'auteure et je dois dire qu'elle a misé juste. Cela en fait pas un objet théâtral accessible pour autant. Mais néanmoins nécessaire à mon humble avis.
Dernier mot pour dire que je trouve Brigitte Haentjens irrésistible et rayonnante! On a eu la chance de l'entendre discuter de la pièce après la représentation et c'était très stimulant de l'entendre sur son processus de création et son rapport à l'auteure pour laquelle elle voue une réelle admiration. Cette metteure en scène a travaillé fort ces dernières années afin de faire connaître plusieurs grandes auteures féminines qui avaient des voix littéraires fortes, qui ont réussi à traverser les époques et qui nous inspirent encore aujourd'hui. Je pense à Marguerite Duras (avec L'Éden cinéma), à Sylvie Plath (avec La Cloche de verre) et maintenant à Virginia Woolf (avec Vivre). Et je salue ce beau projet.
La pièce Vivre est au Studio du CNA jusqu'au 14 avril.
Cette critique me fait bien rire, car je suis complètement d’accord. Ayant vécu une situation semblable au moment où la pièce était à Montréal (sinusite + Vivre = à déconseillé), je ne peux que comprendre la situation. J’en tire pratiquement les mêmes constatations.
Cette pièce ose une façon de faire et comme pour un film de Tarkovsky , il vaut mieux être état pour absorber toutes les subtilités.
Malgré tout, n’étant pas un grand fan de littérature (je ne lis souvent que les romans ayant été adapté au ciné… ex: The End of the Affair), la pièce m’a cependant rebuté par son aspect très littéraire. Comme si la fusion des mots et des images n’avaient pas encore trouvé toute sa portée. Peut-être que la pièce a pris son élan depuis. Je lui souhaite. Et plus jamais je n’irai voir une pièce si je suis complètement crevé et sous antibiotique !