Dave St-Pierre |
Après ma grande déception d'avoir manqué Lock à l'ouverture de Scène Québec la semaine dernière (d'autres obligations m'ayant retenue!), je me suis consolée en assistant à la première nord-américaine de la pièce Un peu de tendresse, bordel de merde de Dave St-Pierre mardi dernier. Et quel beau prix de consolation c'était!
J'avais entendu parler de la verve du jeune chorégraphe montréalais. Notamment pour la pièce Pornographie des âmes qu'il avait présentée à Montréal en version allongée en 2005, pour ensuite l'emmener en Europe notamment. Je savais que son travail était controversé notamment pour la nudité, qu'il était «hors norme» et qu'il avait suscité beaucoup de réactions à Munich où la pièce a été présentée en primeur, mais sinon j'avais aucune idée de ce à quoi ressemblait du Dave St-Pierre sur scène.
Si dans Pornographie., il s'intéressait au sentiment de la perte (décès, amour, etc.), dans Un peu de tendresse., il se penche résolument sur la rupture amoureuse, mais aussi sur sa reconstruction. Et même si l'hôtesse la soirée (une impitoyable maitre de cérémonie qui nous en fait voir de toutes les couleurs) se moque un peu de cette volonté de parler de tendresse, on se rend compte que Dave St-Pierre assume pleinement sa volonté d'aborder les thèmes de l'amour, la tendresse et la sensualité.
Ce qu'il y a de fascinant avec cette création c'est que le chorégraphe réussit à jongler carrément avec le spectateur. Tantôt, il le fait rire aux éclats à cause du ridicule d'une situation pour le frapper la minute qui suit avec une scène bouleversante. C'est assurément un spectacle de performance d'abord et avant tout, qui touche au théâtre, à la danse. Les chorégraphies plus serrées qu'il nous donne à voir prouve aussi le talent et nous fait sa signature florissante et contemporaine.
J'ai été ravie de constater que personne ne sortait lors de la pièce puisqu'il y avait des scènes de nudité et d'autres qui frolaient l'obscénité qui auraient pu en faire choquer plus d'un. Mais, je pense que le laisser-aller dans lequel est entré Dave St-Pierre créé chez le spectateur un sentiment libérateur, comme s'il «lâchait son fou» lui aussi! Tellement qu'on a l'impression de nager nu sur le plancher du théâtre, aux côtés des 18 danseurs dans la scène finale.
Bref, il est bien mal aisé de résumer ce spectacle en quelques lignes puisque entrer dans les détails ou dans la description des scènes loufoques ne rendrait pas justice à ce qu'il m'a été donné d'apprécier mardi dernier. Mais disons que ce spectacle a fait de moi une spectatrice qui restera fidèle au chorégraphe puisqu'il fait vraiment du bien à l'âme dans sa célébration des corps! Mais il m'a séduire aussi par ce regard tendre qu'il a sur les relations entre individus. Et que dire de l'ironie qui revient ici et là dans le spectacle, qui nous fait sourire et qui confirme la justesse de son propos!
Le troisième volet de ce tryptique (amorcé avec Pornographie…) traitera de la renaissance, qui suit ainsi les thèmes de la perte et de la reconstruction entre individus. Je vous assure que je serai aux premières loges! En espérant qu'il viendra aussi à Ottawa. Mais je pense bien que Cathy Levy qui assure la programmation Danse du CNA ne passerait pas à côté de cette opportunité!