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Le grand Lebeau!


Lèvres
Photo: Marlène Gélineau Payette
 

Bon, j'ai manqué de temps jusqu'à maintenant pour mettre mes commentaires en ligne, mais disons que cela m'aura permis de bien digérer le plat que nous a servi froid un Pierre Lebeau en puissance mercredi dernier. (Lèvres au Théâtre du CNA dans le cadre de Scène Québec)
Je dis froid non pas parce que c'était fade ou austère, mais plutôt parce que la poésie n'est pas toujours facile d'approche et sa «délivrance» nécessite une certaine maitrise que Pierre Lebeau possède! Bref, il a su donner les bons accompagnements à ce mets généralement froid! Vous me suivez toujours en ce vendredi après-midi où mes neuronnes sont fatiguées?Premièrement, soulignons que c'était audacieux que de mettre la poésie en musique et en image comme il l'a fait. Oui, oui, ne soyez pas surpris! Le monde de la poésie est souvent très frileux à ce genre d'«habillage» qui peut dénaturer le propos si ce n'est pas construit. Mais pas dans le cas du spectacle Lèvres de Pierre Lebeau et cela est dû, en grande partie, à la sélection des poèmes qu'il a choisi de nous réciter. Un des moments forts du spectacle a été pour moi celui où il a collé des poèmes de Denis Vanier et Josée Yvon: la voix de Pascale Montpetit répond à celle, rocailleuse, de Lebeau et c'est dans ce tableau que j'estime qu'il a le mieux réussit le mariage des mots, de la performance, de la musique et de l'image, puisque tous les éléments se répondaient, créant une montée émotive intéressante. Des poèmes comme J'écris de Jean-Paul Daoust (seul commande du spectacle), Des humains qui bruissent et Canadiens français d'Alexis Martin, La Marche à l'amour de Gaston Miron et finalement, Lèvres ouvertes de Jean-Paul Daoust qui terminait magnifiquement le concert – sont venus me chercher profondément.
Il y a tout de même des moments où j'ai dû ramener ma tête qui partait dans la liste d'épicerie et les choses à faire le lendemain, mais je me raccrochais sans trop de difficulté aux mots et à la force magnétique de Lebeau

 
Lèvres
Photo: Marlène Gélineau Payette

qui s'ancrait dans chacun de ces textes avec intensité. Des images projetées m'ont fait tiquer légèrement au début – le choix des images au départ ne m'inspirait guère -, mais les dessins de François Séguin en arrière scène ont fini par bien se marier à l'ensemble.
Comment ne pas toucher mot aussi sur la musique livrée sur scène, sous la direction de Benoit Charest. Les musiciens étaient impeccables et le choix des pièces, divin. Juste pour ce plaisir auditif le spectacle en valait la chandelle!