Louis-José Houde |
Je dois vous avouer que lorsque j'ai eu Louis-José en entrevue, je trouvais qu'il avait la mine un peu basse (épuisée par sa série d'entrevues? Ou est-ce que je m'attendais trop au paquet-de-nerfs qu'on m'avait décrit). Au fil de l'entrevue, j'ai compris que le gars en faisait peut-être un peu trop et qu'il avait une peur réelle d'être un peu omniprésent. Enfin, pour ce qui est du programme de l'été, il ne sera surtout présent à Gatineau avec son deuxième one man show Suivre la parade qu'il «rode» ici et auquel j'ai pu assisté hier soir.
Le producteur est pas fou, il a attendu que quelques représentations se soient écoulées avant d'inviter les médias et partenaires afin que la technique soit bien huilée.
Surprise généralisée: Billy Tellier en assure la première partie. Je connaissais très peu cette jeune recrue, et je dois dire qu'entre quelques pelures de banane, il a plutôt bien tiré son épingle du jeu. Encore un tantinet juvénile, mais tout de même fort sympathique!!
Arrive ensuite Houde en personne! sous une pluie de spotlights et une musique rock qui le fait débarquer en star. Et il ne faut pas plus de décorum pour qu'il enclenche ses séries d'observations, commentaires, anecdotes et historiettes qui tiendra son public en haleine ou plutôt en bouffements de rire jusqu'à l'entracte. Parmi les anecdotes plus concrètes, il abordera sa malchance avec tout ce qu'il achète, effleurera les sujets politiques et expliquera son expérience à titre d'agent recenseur lorsqu'il avait 19 ans, n'ayant eu d'autres choix que d'être jumelé à un Ontarien de 65 ans dénommé Reynald qui était fort agréable. Il en profitera pour lancer une tuile à Loblaws: «Je m'étais pourtant promis que je ne travaillerais plus jamais avec un géant ontarien!»
Dans cette première partie, il abuse abondamment de sa recette gagnante qui consiste à lancer une tonne d'information dans un débit rapide avec des petites disjonctions qui font de lui un génie en humour: quand il reprend certaines formules en anglais, quand il fait des parenthèses énergiques qui frôlent l'absurde, etc. C'est là où L.-J. me gagne totalement et c'est là aussi où je trouve qu'il rejoint sa génération qui ont grandi avec ce type d'intercades disjonctées (je sais pas d'où ça vient, mais je sais que ça nous appartient!!)
La deuxième partie nous présente un clown un peu moins volage. Il retourne en enfance pour raconter un formidable voyage en Gaspésie alors qu'il avait neuf ans avec aventures de tente-roulotte et de camping en prime. Il bifurque vers son voyage en Guadeloupe où il avait pris le pire coup de soleil à vie! Il plonge ensuite dans l'histoire du divorce récent de ses parents après 36 ans de mariage: de la peine qu'il a vécu à vivre cette épreuve en tant qu'adulte. Il déconne un peu moins et la fréquence des rires ralentit.
Il tombe ensuite dans la partie la plus sentie et courageuse du spectacle où il raconte « la vision du gars» dans l'avortement : son ex-copine s'était fait avorter "dans un commun accord du couple", après être accidentellement tombé enceinte. Il raconte sa détresse, surtout après que son amie de coeur l'aie quitté.
Il boucle le tout avec une sorte d'hommage aux momans et popas de ce monde, de leur odeur et habitudes si réconfortantes. Attendrissant comme seul L.-J. peut le faire!
À prime abord, j'avais été un peu déçue de constater à l'entrevue qu'au niveau dsu style ce deuxième spectacle ne marquait pas d'évolution significative avec le premier – joué près de 500 fois!! – mais j'avais tort de penser ainsi. Louis-José a une recette gagnante et il serait bien hasardeux de vouloir trop s'en éloigner. Et pourquoi ne pas poursuivre dans cette veine puisqu'il est seul à en avoir le secret! Malgré tout, on constate qu'il est plus mature, lucide et engagé qu'avant. Et ces nouveaux apparats lui vont bien! Ses anecdotes sont réellement proches de lui puisque réellement vécues. Réussite sur toute la ligne! Et j'ai bien envie d'aller y refaire mon tour d'ici la fin des spectacles pour voir en quoi le spectacle a évolué, mais aussi pour entendre le numéro sur l'esclavagisme qu'il a promis d'ajouter au programme d'ici la fin des représentations!