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Écume: une caresse…

Hier, c'était au tour de la nouvelle compagnie Théâtre de la Cabane Bleue de nous révéler sa pièce Écume. Je vous avoue que c'était le spectacle que j'anticipais le plus dans cette édition du Festival Zones Théâtrales. Mon entrevue avec la directrice, metteure en scène et, en l'occurrence, auteure de la pièce, Anne-Marie White, m'avait passionné, j'étais emballée par le fait que c'est la première création d'une nouvelle compagnie théâtrale franco-ontarienne et excitée par sa distribution.
En fin de compte, j'ai bien fait de nourrir autant d'attentes envers cette pièce, puisqu'elle ne m'a pas déçu. Elle a agit sur moi comme un baume, comme une petite fleur légère que l'on dépose dans les cheveux de l'être aimé, comme une bouffée d'air saline prise auprès de la mer.

 
Anne-Marie White
Photo: Marc Lemyre

Elle m'avait dit que sa pièce lui était très personnelle et elle l'est. On sent la douce vaillance de cet te artiste dans l'âme et surtout l'amour qu'elle a octroyé à ses comédiens qui se sont vraisemblablement plu dans le cocooning obligé que demandait le projet.
Pour entrer un peu plus dans le coeur de la pièce, voici principalement ce que j'en retiens… D'abord, j'ai beaucoup apprécié la scénographie simplissime mais combien efficace avec ses grands cadres installés en spirale vers le plafond, qui agissaient tantôt comme des fenêtres, tantôt comme des portes, des miroirs ou des pierres tombales. Et oui, ne soyez pas surpris, le thème de la mort traverse cette production, mais elle n'en est pas lourde pour autant. Elle porte plutôt un message d'amour. Mais Anne-Marie et les créateurs ont tout fait pour que ce message ne soit pas lourd et qu'il se prenne plutôt comme un joli baiser sur la joue. Le sol était aussi jonché de terre, cette matière qui évoque tant de choses… et c'était bien joli de voir les acteurs salis de cette poussière dans laquelle ils se trainaient, lorsque des mouvements brusques la faisait se lever el un nébuleux nuage de souvenirs.
La distribution s'est aussi révélée aussi passionnée que passionnante, et ma surprise a été de découvrir la complexité et l'importance du personnage du croque-mort, qui détonnait des autres personnages. Autrement, la plume d'Anne-Marie White est très proche de la femme elle-même, sincère, sensible et caressante. Des petits trouvailles de mise en scène m'ont aussi fait sourire, comme quand le couple que forme Morgane et Émile discutent étendus sur le sol et qu'ils changent brusquement de place par trois fois pour exprimer que la conversation a évoluée mais aussi pour évoquer l'inquiétude qui les habite. J'ai aussi adoré que la pièce, au contenu à prime abord assez lourd – on y déterre les morts! – soit traversée par le cours d'anglais du personne d'Émile. Le comique de la situation désamorçait à tout coup le sérieux, la tristesse ou l'étrangeté de la scène précédente.
D'autres choix de mise en scène étaient un peu moins efficaces, ou du moins, difficiles à cerner, mais cela n'entachait en rien un ensemble bien réussi. Et les représentations à venir devraient lisser les petites écorchures comme par magie!
Semblerait que tous les billets ont été vendus pour la représentation de ce soir, mais peut-être en a-t-on libérer à la dernière minute. Sinon, l'équipe se transporte dans les prochains jours vers le Théâtre d'aujourd'hui de Montréal pour une série de représentations du 11 au 29 septembre.

Les comédiens François Bernier, Anie Richier, Ginette Chevalier et Marc-André Charrette
Photo: Rolline Laporte