Le Festival Zones Théâtrales nous ont offert une belle surprise hier: la production Trains fantômes du Théâtre Triangle Vital. Wow! Un de mes gros coups de coeur jusqu'à maintenant! Cette pièce de l'Ontarien anglophone Mansel Robinson, ici traduite par Jean Marc Dalpé (frère d'écriture, il ne fait nul doute) est déconcertante de simplicité, mais ô combien efficace sur le plan dramaturgique! Chapeau à André Perrier pour une mise en scène brillante, mais son grand génie fût sans doute de placer Frédéric Blanchette (mais il faut dire qu'il est le co-fondateur du Triangle vital, alors le choix allait probablement de soi) dans le rôle de Dany. Le show reposait littéralement sur ses épaules et il a remporté la coupe haut la main! La brillance dans son oeil, l'attitude, le débit de voix comme s'il livrait le texte pour la première fois: tout y était. Frédéric campe le rôle de Dany, un «bum» qui se trouve au chevet de son père mourant et qui fait revivre les récits de son enfance, mais également ceux que son père, un conteur naturel, lui racontait. Son personnage s'adresse ainsi directement à l'assistance, alternant entre les contes folkloriques issus de l'univers des trains inspirés par son cheminot de père et ses récits personnels du «raté de la famille» qui se trouvera finalement une voie. dans l'univers de la poésie ferroviaire. Livrés sans ambages ni cérémonie, les monologues sony entrecoupés par des chansons «countré» (pertinemment gardées dans leur version originale anglaise) interprétées avec ferveur par l'excellent Aymar – qui agissait un peu comme le musicien bohème que Dany aurait tout bonnement ramassé et qu'il fait boire. Au fur et à mesure que la pièce avance, le personnage de Dany transforme leur «habitat naturel» fait de vieux objets dont on se doute qu'ils appartenaient au père mourant, pour finalement attacher le tout dans un amas, laissant entrevoir qu'il prépare le grand et dernier voyage de son paternel. Bref, c'était touchant, vrai, senti, drôle et transcendant.
Un bien beau voyage!
Frédéric Blanchette |