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Le FIL défile

Quelle belle fin de semaine j'ai passé à Maniwaki au Festival Images et Lieux (FIL)! Il faut dire que depuis sa mise sur pied, je n'ai jamais manqué une édition de ce charmant festival qui annonce brillamment l'automne dans son coin de la Vallée-de-la-Gatineau. Mais jamais je n'ai été aussi comblée de ma visite que cette année. Je crois qu'avec cette quatrième édition, le FIL a résolument pris le tonus nécessaire pour assurer sa pérennité. Non seulement la programmation était des plus réjouissantes, mais les rencontres proposées étaient encore plus passionnantes!
Je vous fais part un peu du déroulement de mon séjour

 

À mon arrivée, je me suis enfouie dans la salle Gilles-Carle pour le poétique Nuovomendo (The Golden Door) un film italo-français d'Emanuele Crialese. On y suit l'odyssée d'un Silicien (Vincenzo Amato) qui embarque avec sa famille sur un bateau qui l'emmènera en Amérique. Il y croisera le destin d'une Anglaise mystérieuse (jouée par une rouquine Charlotte Gainsbourg!). Ce film, fantasmagorique, était des plus singuliers et privilégiait des points de vue panoramiques magnifiques. Belle entrée en matière!
Après avoir dévoré des hot dogs de cerf rouge (cultivateur local), je me suis dirigé vers cette même salle pour voir les courts métrages de la Wakiponi Mobile, chapeauté par la cinéaste Manon Barbeau, qui en est à sa troisième visite au FIL. Une vingtaine de courts métrages concoctés sur des réserves autochtones à travers la province nous ont fait voir une réalité trop méconnue, qui bouleverse et déstabilise. Je pense entre autres à ce court métrage d'une jeune autochtone qui apprend les rudiments de la petite chasse avec sa mère. À une fable dessinée d'un jeune homme qui suit son grand-père en pleine nuit pour une randonnée à canot. À la hantise d'un autochtone qui veut préserver ses racines à tout prix dans un film créé à Kitigan Zibi, la réserve voisine de Maniwaki.
Un 5 à 7 en compagnie de Ken Scott suivait. Prenant davantage des allures de conversation que de conférence, Ken a eu la patience de répondre à toutes les questions pointilleuses ou non sur le métier. Visiblement, plusieurs scénaristes et cinéastes en devenir étaient dans la salle. J'y ai découvert un Ken décontracté et humoristique.
J'ai dû passé par dessus le film Le Violon pour avoir le temps de souper, non sans tristesse… Enfin, une grande foule s'amassait pour la projection de fin de soirée de Panache d'André-Line Beauparlant. Ce fût un des beaux moments du festival alors que la cinéaste était sur place avec son compagnon Robert Morin (qui a capté les images de son film) et c'était réjouissant de voir les Favreau, Scott,

 
André-Line Beauparlant: Panache

Jomphe et Barbeau se mêler avec l'assemblée qui attendait de pénétrer dans la salle Gilles-Carle pour la projection de ce film sur la chasse dans le village de Montcerf en Outaouais. Passionnant document qui démystifie la pêche pour les citadins endurcis, qui ne pèche pas par excès de sensationnalisme, mais qui est néanmoins percutant.
Au petit matin du dimanche, c'était au tour de Raoul Jomphe, réalisateur du documentaire-choc Phoques, le film, de prendre la parole devant l'assemblée. Agrémentant sa présentation de photos, il a discuté des rebondissements qui ont ponctué son aventure en Arctique pour le laborieux tournage de son film. Passionnant. L'assistance était toute ouïe et était avare d'informations sur le sort de ce film trop peu vu. (moi-même, j'ai dû assister à une entière conférence sans avoir vu le film qui avait été projeté en ouverture du FIL, le jeudi). Le long métrage étant désormais dans les mains des distributeurs, Jomphe ne sait trop à quelle vitesse ça ira, mais semble-t-il que son documentaire sera présenté éventuellement en Europe et aux États-Unis. Bravo aux organisateurs du FIL de l'avoir invité puisque son film devrait être de toutes les programmations de festivals du film au Canada et même partout ailleurs. Rencontre tellement passionnante qu'elle m'a fait manqué la présentation du documentaire À force de rêves que je voulais voir. Ce sera pour une prochaine fois (en DVD peut-être?).
Après une longue marche dans la jolie ville de Maniwaki, le glas a finalem

 
Jambar, guerrières de Chloé Germain-Thérien

ent sonné pour la présentation finale du FIL et non la moindre: la projection des six courts métrages en lice au Concours du FIL qui avait pour thème la ruralité. De vrais petits bijoux de la relève. J'ai pour ma part craqué pour Jambar, Guerrières de la Montréalaise Chloé Germain-Thérien. Elle y dépeignait le quotidien des femmes d'ethnie dont le travail laborieux consistait à laver les vêtements des autres à longueur de jour. Autre bonne mention pour Val-des-poteaux, un documenteur de Mélanie Dion et Marie-Christine Vanier. Ces deux cinéastes se sont amusés à fouiller l'industrie des sirops de poteaux versus les sirops d'érable, en se concentrant sur l'usine Langlois dont la recette de sirop de poteau est électrisante et pas trop catholique!
Je n'ai donc pas été surprise d'apprendre que ces deux productions sont arrivés ex æquo et se sont partagés le 3000 $ octroyé avec le Prix Gilles-Carle. Le prix du Coup de coeur a aussi récompensé le film Val-des-poteaux.
Sur le chemin du retour, je n'ai pu m'empêcher d'arrêter à la binerie de Kazabazua pour saluer Sauphonie et son vaillant Marcellin pour tirer un brin de jasette et ramener un pot de bines à la maison. Une tradition avec le FIL!
Comme je le disais plus tôt, je pense que ce festival a décidément pris sa vitesse de croisière cette année et que les éditions à venir seront encore plus éblouissantes! On m'a fait savoir ce matin qu'on était 3000 visiteurs à visiter le FIL, dont 37 % était de l'extérieur de la région de la Vallée-de-la-Gatineau. Ça regarde bien pour l'avenir!