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Soie: doux, subtil, contemplatif

 

Je suis allée voir Soie de François Girard samedi soir. Comme l'univers du livre était encore tout frais dans ma mémoire (une très bonne amie chez qui je passais une semaine en vacances cet été m'avait tendu le livre, m'ordonnant presque de le lire!), j'étais encore habitée par cette incursion dans l'univers d'Alessandro Baricco. Ce bouquin m'avait fait une impression d'un long poème où les images sont claires et simples, tout en étant évocatrices. Ce n'est pas le genre à passer six pages à décrire le paysage. Or, on voyage quand même énormément dans son roman. Girard est allé cette même veine. La narration est juste ce qu'il faut et le roman est si court qu'il n'a pas eu à sacrifier nombre d'éléments.
Je suis déçue que tant de gens aient reproché à Girard d'avoir manqué de sentiments dans son film. Plusieurs lui reprochaient notamment le choix de l'acteur personnifiant Hervé Joncour – Michael Pitt – qui ne traduirait pas assez bien les sentiments d'amour notamment. Bordel! À ces gens, je dis ceci: visiblement, vous n'avez pas lu le roman de Baricco puisque le personnage qu'il a dessiné est celui d'un homme de peu de mots, réservé et secret. Je comprends que lorsque vient le temps de traduire un roman à l'écran, les gens s'attendent à lire de l'emotion (à prononcer en english!), mais est-ce qu'on peut encore louanger un élément qui fait la réussite de bien des longs métrages chers à mon coeur: la subtilité!? Je ne sais pas pour vous, mais moi, dans la vie, je connais des gens qui sont très expressifs et proches de leurs sentiments et d'autres non. Pourquoi est-ce qu'il faudrait avoir seulement ceux qui appartiennent à cette première catégorie à l'écran? Serait-ce le trop-plein d'émotions que l'on retrouve dans les téléromans à la Poupées Russes et autres Providence – où tous les personnages beurrent épais et se sortent les trippes comme s'il n'y avait pas de lendemain – qui nous poussent à attendre cela de notre cinéma?! Non, mais c'est vrai, à chaque fois qu'il y a une publicité de ces moches séries, on voit toujours les personnages en larmes, en état de crise ou dans une chambre d'hôpital!
Bon, je m'égare. Tout ça pour dire que j'ai bien aimé le film de Girard: sobre, subtil et tout en nuances. La performance de Michael Pitt ne m'a pas renversé, mais ne m'a pas déçu non plus. Il était à la hauteur, à mon humble avis. Keira Knightley – que je trouve habituellement un brin trop consciente de son pourvoir de séduction avec son sourire gros comme ça! – agissait tel une partenaire solide. Et que dire de la magnifique Sei Ashina dans un rôle muet, mais ô combien persuasif?! Le film fait aussi l'éloge de la contemplation, mais n'accuse aucune longueur. Et les images des voyages de Joncour et du jardin de madame sont sublimes et valent à elles seules le détour.