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Pite à Ottawa

 
Crystal Pite
Photo: Joris-Jan Bos

Crystal Pite. J'avais entendu son nom souvent. On avait encensé son travail et celle de sa jeune compagnie Kidd Pivot, mais je n'avais jamais pu voir ce que dégageait l'univers de cette chorégraphe vancouvéroise sur scène. J'ai réglé la chose vendredi dernier puisque je suis allée voir sa pièce qui fait le tour du pays présentement: Lost Action. Crystal Pite a fait preuve d'audace en choisissant le thème de la guerre pour ce spectacle. Mais c'est pour magnifiquement en évoquer les contours avec les thèmes de la disparition, de la rupture, de la blessure qu'elle l'a fait. En abordant le danger de la guerre, elle soulignait le côté éphémère du geste dans des chorégraphies fluides et parfois syncopées.
Elle évoque aussi les thèmes du souvenir et de la responsabilité de nos actions dans des scènes où elle fait parler ses interprètes. Celles-ci marquent certainement une rupture dans le spectacle mais qui n'altère en rien sa puissance. La trame sonore de Owen Belton qui intégrait des mots tantôt chuchotés, tantôt scandés ou des bruits hachurés avaient, à mon sens, déjà introduit cette interstice.
Sur un plateau rouge, ce sont sept danseurs qui y ont donné corps, dont la chorégraphe elle-même, d'une grande sensibilité. J'ai aussi été subjuguée par l'interprétation de Victor Quijada, découvert lors de Hip Hop 360 alors qu'il ouvrait le festival avec son Rubberbandance Group, ainsi que sa muse, Anne Plamondon, de loin une des meilleurs interprètes que j'ai vu ces dernières années.
Si la pièce est surtout portée par les hommes, les trois femmes ne sont pas moins lumineuses et importantes, surtout quand on évoque la disparation et la peine de ceux qui doivent rester. Enfin, j'ai adoré ces scènes où les corps dansaient tous entrechoqués et où Anne Plamondon ne touchait jamais terre. Et encore celles où les corps s'affaisaient l'un après l'autre pour ensuite de soutenir dans une course folle. D'une grande beauté.
On en ressort bouleversés, quoique dorlotés par tant d'humanité.

Photo: Chris Randle