Je suis allée voir la pièce Silence en coulisses! à La Nouvelle Scène samedi dernier. Voici mes impressions:
Un metteur en scène, sept comédiens et une régisseuse de plateau sont à mettre la touche finale à un vaudeville réchauffé qui multiplie les accessoires, les claquages de portes et les répliques convenues. Touche finale? Pas tout à fait, puisque l'équipe est loin d'être fin prête pour la grande première. Les personnalités imposantes des acteurs viennent barrer la route à celles non moins colorées des personnages et le metteur en scène ne sait plus où donner de la tête. Au deuxième acte, on fait pivoter le plateau afin d'assister à l'envers du décor: le cirque qui a cours dans les coulisses lors d'une représentation «matinée»; les esprits s'échauffent et rien ne va plus. Enfin, l'imposant décor sur deux étages pivote à nouveau pour l'ultime représentation de la tournée: un fiasco. Cette pièce intitulée Silence en coulisses! est signée Michael Frayn et a été rigoureusement traduite par Josée LaBossière qui en a soutenu les deux niveaux de langage: le parler à la française des personnages de la pièce dans la pièce, et le parler d'ici, celui des comédiens qui s'expriment sans vergogne! Le grand succès de la production du Théâtre du Trillium – qui en est à sa deuxième série de représentations – est en grande partie attribuable à la prouesse technique de la complexe scénographie (Jean Bard), à la vivacité de sa metteure en scène (Sylvie Dufour) qui a fait un travail magnifique de distribution. Mentionnons le jeu exalté tout en hilarité de Constant Bernard, Nathaly Charrette, Benjamin Gaillard et une découverte: Geneviève Lefebvre! Une pièce désopilante, bien ficelée et qui, vu son succès, a visiblement réconcilié bien des spectateurs avec le genre!
Personnellement, je ne suis pas le meilleur public pour ce genre de comédie, mais je n'ai pu faire autrement cette fois que d'embarquer dans le plaisir contagieux qu'ont les comédiens qui se prêtent, ma foi, à une gymnastique musclée! La metteure en scène a ainsi embarquée à fond dans ce que proposait le texte, c'est-à-dire dans un kitsch non seulement au niveau des décors, mais aussi dans la représentation même qui faisait dans le trop-plein à tous les égards.
Ceci dit, j'ai tout de même décelé dans le propos de l'auteur un certain commentaire sur le théâtre: comme quoi une panoplie d'accessoires, de décors, de costumes et de déplacements dans les productions lourdes ne servaient habituellement qu'à conforter le comédien, tout en lui donnant, ici et là, quelques croque-en-jambes. Que tout ce froufrou en venait finalement qu'à orner, voire à camoufler avec du gros crémage sucré le vrai propos de l'auteur. Enfin, que si le théâtre est le haut-lieu où on cherche d'abord et avant tout à raconter des histoires; les objets et autres procédés n'y arrivaient jamais mieux que l'acteur qui peut faire appel à ses sens, ses émotions et son instinct. Bien sympa comme constat et ce n'est qu'en filigrane, l'auteur ne cherche en rien à alourdir pour autant son propos. C'est aussi une belle occasion de montrer l'autre côté du miroir, dans le travail des comédiens et des techniciens de plateau. À l'affiche jusqu'au 24 novembre