Premier weekend du Festival du film de l'Outaouais derrière la cravate… Une fin de semaine très heureuse, je dois dire, avec trois long métrages fort différents, mais qui valaient tous le déplacement… ainsi, vendredi, le Théâtre du Casino du Lac-Leamy a fait salle comble pour le lancement des festivités. Après quelques allocutions et la coupe du ruban de film traditionnel, le FFO ouvrait sur le court métrage Madame Tutli-Putli, une magnifique création des Montréalais Chris Lavie et Maciek Szczerbowski qui a été de la course aux Oscars. Suivait, le délicieux et ô combien sucré Caramel de Nadine Labaki. À l'heure où le conflit israélo-libanais fait tremblé les terres du Liban – le tournage du film se terminait une semaine avant qu'éclate cette guerre -, il était rafraîchissant de voir un film aussi joyeux sur l'amour et la jeunesse libanaise. Se déroulant dans un salon de beauté de Beyrouth, Caramel fait délicieusement l'éloge de la féminité et de l'amitié entre femmes. La jolie réalisatrice dans la trentaine qui tient le rôle principal de proprio du salon brosse ainsi le portrait de cinq femmes de religion différentes qui font face au déchirement entre la sauvegarde des traditions de leur pays et l'appel de la modernité. Elle effleure du coup les sujets de l'homosexualité, du refus de vieillir, de la chasteté avant le mariage, de l'adultère et de la vieillesse, notamment.
Samedi était soir de gala 10e anniversaire du FFO. En projection, le court métrage gagnant d'un Jutra, le fort charmant Isabelle au bois dormant de Claude Cloutier. Un film très amusant et inventif entièrement dessiné à l'encre de chine. Suivait le beaucoup plus grave Les Faussaires de Stefan Ruzowitzky, celui-là gagnant du meilleur film étranger aux derniers Oscars. Pour être franche, j'en ai marre de voir des films de guerre au cinéma… On ressasse sans cesse les cruautés et les drames d'autrefois alors que certains coins du monde encore aujourd'hui vivent la guerre et le même genre de misères. Enfin, je suis plus clémente quand on nous propose au moins un angle différent pour traiter de la guerre. Je pense à La vie est belle de Roberto Benigni, La vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck notamment. C'était le cas des Faussaires qui, bien que très sombre, relatait une «autre» histoire de guerre, celle d'un camp de concentration où on chargea un certain nombre d'hommes de métier – ou de doués criminels! – à imprimer des devises étrangères pour appauvrir l'économie de l'ennemi. Les réfugiés sont alors soumis à un déchirement entre leur instinct de survie qui profite du semblant de confort qui leur est prodigué par rapport aux autres prisonniers et le fait de servir le régime nazi en lui donnant ni plus ni moins une arme de guerre: de la fausse argent. Un film trouble et lourd, servi par des acteurs solides. Une autre occasion de voir Les Faussaires vous est offerte le 18 mars à 19h au Cinéma 9.
Hier, je me suis dirigée vers le Cinéma 9 pour voir un film que je souhaitais voir depuis longtemps et que j'avais manqué lorsqu'il avait été brièvement présenté sur nos écrans locaux: Lust, Caution d'Ang Lee. Après son excellent Brokeback Mountain, je dois dire que ce réalisateur a une fois de plus monté dans mon estime. Son récent film, d'une durée de 158 minutes, vous tient rivé sur le bout de votre siège avec des sueurs froides, tellement le réalisateur arrive à dérouler son intrigue avec tact et minutie. Un duo d'acteurs remarquables, formé de Tony Leung et Tang Wei, incarne deux amants aux secrets bien enfouis qui évoluent dans le Shanghai des années 40 sous l'occupation japonaise. Je m'étais gardée d'en lire le moins possible avant de voir le film et je vous conseille de faire la même chose si vous voulez apprécier le plein potentiel de ce film puissant et remarquablement sensuel. Le film sera projeté encore une fois le 20 mars à 19h au Cinéma des Galeries Aylmer.
À mon agenda de ce soir: Persépolis et Paranoid Park.
Pour consulter le programme du FFO: www.offestival.com