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FFO: suite et fin…

Retour sur la fermeture du Festival du film de l'Outaouais… Comme à chaque année: je n'ai pas vu assez de films! J'aurais voulu en voir des douzaines. Au lieu de cela, j'ai dû me contenter – horaire chargé oblige! – de cinq long métrages et de trois courts métrages. Je ne reviendrai pas ici sur les films dont j'avais un programme double en assistant à la projection des films français Anna M. suivi de Angel. Finalement, j'ai dû me contenter d'Anna M., après quoi je suis rentrée à la maison, …épuisée. La lourdeur de la semaine m'avait finalement gagnée. Et il faut dire que le film n'agissait pas vraiment comme un puissant tonique énergisant… Cela ne veut pas dire qu'il n'était pas intéressant. Le dernier film de Michel Spinosa traite d'érotomanie. Un mal très peu connu et cinématographiquement efficace, ma foi. En érotomane excelle la brillante Isabelle Carré qui marche sur la ligne ténue entre vulnérabilité, puissance et folie. Anna M. est obsédée, obnubilée par son médecin qui a pris soin de sa jambe après qu'elle eut tenté de se suicidée en se lançant devant une voiture roulant à pleine vitesse. Les attouchements tout à fait médicaux et professionnels ont fait naître dans la tête de cette dernière, une idylle inventée de toute pièce. On voit donc Anna M. s'enfoncer dans des délires de plus en plus obscurs. Un film bien interprété et bien orchestré par Spinosa, qui a choisi de nous faire vivre l'action à travers les yeux de l'érotomane plutôt que ceux de la victime, nous faisant traverser les phases de la maladie, à savoir l'illumination, l'espoir, le dépit, la haine. Troublant, mais dont la finale m'a laissée plutôt tiède.

Vendredi dernier était soir de clôture pour le FFO. Après le fort émouvant et ludique court métrage Sainte-Barbe, une œuvre animée de Cédric Louis et Claude Barras qui s'avérait une savoureuse entrée en matière… les spectateurs ont eu droit à un assommant film de guerre: L'ennemi intime de Florent Emilio Siri! Après avoir présenté Les Faussaires à la soirée gala 10e anniversaire, le FFO a peut-être trop misé sur les films guerriers comme les canons de cette édition, à mon humble avis. Soit, je ne suis pas un bon public pour ce genre de film, disons-le. Mais j'apprécie les films qui nous proposent des angles différents (Live of others, Les Faussaires, La vita è bella). Or, ici, L'ennemi intime n'est pas bien différent des Platoons et autre films au propos plutôt «anti-guerre» qui abusent des scènes de batailles, d'embuscades et autres beuveries. Ceci dit, je pense que ce film, qui porte sur les atrocités de la guerre d'Algérie, était nécessaire. Nécessaire pour la France qui n'a reconnu cette guerre qu'en 1999. Nécessaire pour l'Algérie qui y a perdu 600 000 hommes, pour finalement obtenir l'indépendance en 1962. Nécessaire pour ce pan de l'histoire qui n'avait jamais été raconté de façon crue au grand écran. Assommant, certes, mais disons seulement que les interprétations d'Alain Dupontel et de Benoît Magimel étaient magistrales et que le film était superbement  filmé, faisant parfois usage d'images décolorées, teinté d'un bleu… de mort.

 

Voilà donc une 10e édition qui s'achevait vendredi dernier. Bien que je n'ai pu assister à autant de projections que je le souhaitais, je n'ai pour ainsi dire rien ressenti de particulier lors de ce festival. Bien que l'ambiance était à la fête pour ce dixième anniversaire, je sens qu'après cette rude remontée qui assure son retour, le FFO – qui sera rebaptisé Festival du film de Gatineau l'an prochain – doit se forger une personnalité propre s'il veut persister. Les gens visitent le festival en grand nombre, soit, mais il manque de latitude pour les rencontres, les échanges entre le public et les artisans du septième art – pas seulement dans les Galas qui réunissent artistes, organisateurs, médias, collaborateurs, distinguées invités, comme c'est présentement le cas. La personnalité de ce festival se cherche encore, et j'espère bien que le nouveau souffle qui sera pris dès l'an prochain, lui sera bénéfique. J'aime profondément ce festival qui m'emmène toujours à découvrir des films renversants, mais j'aimerais bien qu'il devienne un véritable happening qui rallie un grand nombre de gens à la célébration concrète et vivant du septième art. Longue vie au FFG!