Le coup d'envoi du Festival Danse Canada a été donné samedi soir dans l'antre du Centre national des arts avec [bjm_danse] qui interprétait une chorégraphie de l'Albertaine Aszure Barton en primeur mondiale. Dans ce spectacle riche qui dure 100 bonnes minutes, point d'ennui! En première partie, Jack in a Box évoque l'individualité comme la collectivité, le pouvoir des foules, mais aussi de l'étiquette, notamment dans les milieux comme la «petite école», l'armée ou l'enseignement religieux… La révolte est aussi au cœur de cette première partie qui se termine avec un tableau tout simplement renversant où les neuf danseurs entament une série de mouvements synchronisés (ou pas!) alors qu'ils sont sagement assis… à table! La trame sonore nous fait voyager avec du bon vieux Robert Charlebois (pendant son ère psychédélique), mais aussi Kodo and Isao Tomita, World Percussion Collective, etc. Mis à part un tableau qui baignait dans l'eau de rose et la séduction avec robes rouges et une touche espagnole que je trouvais un brin trop clinquant, cette première partie m'a ravie. Aszure Barton – qui signe ici avec Ian Robinson -, fait preuve d'audace, d'humour, de jeunesse et de beaucoup de sensualité. J'ai aussi été fascinée de découvrir le talent de deux danseurs qui étaient mis de l'avant dans plusieurs tableaux et dont j'avais du mal à quitter des yeux: Youri de Wilde et Eira Glover. D'une grande force d'attraction!
La deuxième pièce, Les chambres des Jacques, était pour moi un peu plus faible, quoique faisant preuve de plus grande homogénéité et non sans intérêt esthétique. Les costumes -corsets pour mesdames, vêtements serrés pour les messieurs – sont certes jolis et on navigue davantage dans la frivolité… Pour cette pièce qui constitue toute la seconde partie, on sent l'apport des interprètes qui ont collaboré à la création de la chorégraphie et qui s'éclatent sur scène dans des jeux de rôle où séduction et rapport à l'autre sont au centre. La trame sonore fait encore beaucoup sourire avec des pièces de Gilles Vigneault, Antonio Vivaldi et Roberto Iglesias. Le tout se tient mais la surprise est moins au rendez-vous.
Malgré certaines réserves, je puis dire que c'était une ouverture spectaculaire pour cette édition du FDC qui a eu le beau jeu de mettre une brillante chorégraphe de scène canadienne à l'honneur et c'était rafraîchissant de découvrir son univers qui, au chapitre de la danse contemporaine, ose peu, ne réinvente certes pas la roue, mais s'inscrit dans une certaine tradition du ballet contemporain qu'on aime bien revisiter. Chapeau! Et je frémis déjà à découvrir la suite! Au programme ce soir: Louise Lecavalier et la toujours intriguante Hélène Blackburn avec Cas public.