La compagnie Cas public et ses dix formidables jeunes danseurs ont présenté Suites cruelles – ou le diable est dans les détails lundi soir au Théâtre du CNA lors de leur passage attendu au Festival Danse Canada. Après nous avoir émerveillé avec des pièces créées pour un jeune public, Hélène Blackburn est de retour avec une création définitivement adulte! mais non dénué d'une jeunesse éternelle… La pièce commence avec l'hymne à la séduction qu'est These Boots are made for walking de Nancy Sinatra alors que les danseurs défilent sur scène, talons hauts aux pieds. La plupart des déplacements des danseurs pour la durée de la pièce se fera dans la frénésie! Les corps se caressent, se violentent, les bouches se touchent et s'embrassent, les jambes lèvent, les pointes s'enfilent et le piano et la batterie sur scène sont mis à contribution pour créer une ambiance de fête lancinante. J'ai particulièrement apprécié cette bande de tapis plastifié installé à l'avant-scène qui devient instrument de musique quand les danseurs y frottent leurs pieds ou leurs mains. Les danseurs se font musiciens et les musiciens se font danseurs ne serait-ce que par leurs mains qu'ils agitent sur leurs instruments pour dégourdir ces corps en mal d'expression, de contact, de communion avec l'autre. L'humour a aussi été saupoudré sur ce spectacle envoûtant. Une énumération de mots liés à la douleur agira tel un mantra à quelques reprises pendant le spectacle alors qu'à d'autres occasions, on s'efforcera de les mettre en mouvements.
Bref, plusieurs petites trouvailles dans ce langage qu'a articulé Hélène Blackburn ces dernières années, elle qui collabore de plus en plus avec son entourage à la compagnie Cas public, que ce soit avec les danseurs, d'autres danseurs de passage ou carrément les employés de l'administration (qui ont eu leur avis à donner!). En résulte une pièce touffue, mais ô combien excitante et tonique!