Le directeur artistique du Toronto Dance Theatre, Christopher House, loge au 2, avenue Daly jusqu'à samedi pour présenter sa pièce solo News, une œuvre d'une vingtaine de minutes qu'un groupe international de danseurs a commandé à l'Américaine Deborah Hay. C'est lors du Solo Performance Commissioning Project en Écosse en 2006 que House a réalisé une résidence de 11 jours avec Hay – une expérience qui aura changer à jamais son approche chorégraphique et de l'espace-temps dans la danse. D'un naturel délinquant, Christopher House se présente dans le local du Groupe Lab de danse en ce jeudi ensoleillé et enlève une couche de vêtements avant de se produire, expliquant en quelques mots ce qu'on s'apprêter à voir. S'ensuit une chorégraphie des plus insolites que le spectateur pourra davantage apprécier grâce à l'explication de la démarche particulière qui a mené à sa création.
Deborah Hay a construit principalement la chorégraphie sous forme de questions. Les danseurs doivent non seulement exécuter une série de mouvements suivant un plan de l'espace précis, mais ils doivent «habiter» une question, un état, qui est appelé à changer tout au long de la pièce. Ainsi, dans certains mouvements, House sondait son «the darkness side», alors que dans la suivante, il fouillait dans «the ordinary» ou «the uncertainty». Des chants font aussi partie intégrante de l'œuvre et House doit tenter autant que possible de faire venir les mots à sa bouche sans songer techniquement à ce qui va en sortir. La pièce lui exige aussi d'être dans chaque mouvement sans anticiper ou songer au suivant. Tout un travail de moine, vous allez me dire! En effet! Cette pièce chorégraphique est certes la plus intellectuelle qu'il m'a été donné de voir.
Christopher et les 19 autres danseurs venus de partout dans le monde ont signé un contrat stipulant qu'avant de présenter le solo devant public, ils se devaient de répéter quotidiennement la chorégraphie pendant un minimum de trois mois. Comme Christopher House l'avait déjà présentée en primeur à Toronto en 2006, il devait maintenant la répéter un minimum de trois semaines avant de se présenter, question de bien l'inscrire dans son esprit et son corps. Tout réside finalement dans les sensations spatio-temporelles du mouvement, autre champ d'intérêt cher à Deborah Hay.
Dans le concret, la pièce ressemble au délire d'un homme qui sonde son intériorité, tout en ayant besoin du regard et de la validation de l'autre pour évoluer. Les gestes ne sont pas définis comme ce à quoi nous a habitué la danse professionnelle; ils sont nonchalants (du moins en apparence), ce qui laisse croire qu'il nous improvise quelques pas devant nos yeux…
Dans l'entretien qui a suivi la présentation, House a expliqué: "il y a toujours cette impulsion en moi de montrer que je suis capable de faire de la danse plus intéressante que ça, cette envie de faire un beau saut dans la chorégraphie, de montrer ce que je suis capable de faire… mais la raison me revient et je poursuis."
"On ne doit pas laisser l'adrénaline prendre le dessus ou se perdre dans ce qu'on fait. On doit rester dans chaque moment, chaque mouvement."
Christopher House présentera News jusqu'au 14 juin à 14h au Groupe Lab de danse. www.canadadance.ca