À l'invitation du regroupement Vote culture!, ils étaient près de 300 personnes à se masser hier dans la salle académique du Département de théâtre de l'Université d'Ottawa pour une assemblée publique. Étudiants en théâtre de l'École de la Salle et de l'Université d'Ottawa, comédiens, metteurs en scène, directeurs artistiques, poètes, auteurs, politiciens… s'étaient déplacés pour assister à un débat entre des intervenants du milieu culturel et des candidats à l'élection fédérale. Des représentants de tous les partis, à l'exception du parti conservateur, étaient présents – Paul Dewar du NPD, Sylvie Lemieux du Parti vert; Raphaël Déry (BQ) et Mauril Bélanger (PL). Les questions des panélistes – Peter Hinton, directeur artistique du Théâtre anglais du CNA; le cinéaste Mark Chatel; Naomi Ridout, conseillère en placements chez Blackmont Capital Inc.; Max Berdowski, directeur général du Réseau d'ateliers cinématographiques canadiens; Ann Connors Brophy, directrice générale du Magnetic North Theatre Festival; et Peter Duschenes, directeur artistique du Platypus Theatre – portaient principalement sur les plates-formes des différents partis, sur ce qu'ils entrevoyaient faire pour la culture, pour des champs d'activité plus spécifiques, etc. L'échange s'est déroulé dans la bonne entente. Certaines questions, par leur ampleur, ont quelque peu déstabilisé les politiciens qui se sont fait brefs, tout en demeurant bons joueurs. Surtout en l'absence d'un membre de l'arène conservatrice, sur laquelle on pouvait cogner sans vergogne!
Avant la rencontre, deux allocutions inspirées avaient mis la table. La première, quasi solennelle, était prononcée par Wajdi Mouawad. Ne voulant arborer aucun titre, il s'est présenté devant l'assistance à titre personnel, en tant qu'auteur et metteur en scène et a réitéré sa déception face aux coupures dans son texte intitulé De la haine. «Aujourd'hui notre devoir est de prendre la parole ensemble, tous ensemble, pour nous faire entendre. Non pas pour défendre des subventions mais pour défendre ce en quoi nous croyons, non seulement pour nous mais pour tous», a-t-il annoncé dans un texte où il rendait compte de la politique culturelle du Canada «construite depuis longtemps sur la détestation des intellectuels et le ricanement envers la parole des artistes», selon lui. La journaliste Anne Michaud annonçait ce matin à Bernier et Cie sur les ondes de la Première Chaîne de Radio-Canada que ce texte sera publié prochainement dans les pages du Devoir. L'autre allocution, plus corrosive, était celle du président du Conseil québécois du théâtre, Martin Faucher.
Si le choix de la salle était symbolique – la plus vieille salle de la région, celle où l'on a formé nombre d'artistes au fil des ans -, il témoignait néanmoins d'une mauvaise estimation de la part des organisateurs… La salle débordait jusque dans les escaliers, l'avant-scène et le corridor, décourageant probablement quelques personnes à rester jusqu'à la fin, ne pouvant trouver de place assise ou du moins, un certain confort…
Une marche jusqu'au Parlement a suivie la rencontre. Des «Vote culture!», «À bas les coupures, on veut la culture!» et «No arts cuts» étaient scandés par une foule hétéroclite. Deux jeunes femmes sur des échasses portaient fièrement leur affiche colorée «Vote culture!»… Certains automobilistes livraient leurs encouragements à coups de klaxon… Arrivé sur la colline, le meneur de la marche, Yves Turbide de Théâtre Action, a pris la parole devant l'assemblée, réitérant son message anti-coupures et encourageant les manifestants à venir prendre la parole au micro. La salve s'est amorcé avec Martin Faucher, qui a relu son plaidoyer livré plus tôt lors de l'assemblée. Des artistes, des intervenants du milieu culturel, des étudiants et poètes ont ensuite pris la parole pendant environ une trentaine de minutes. La foule s'est ensuite dispersée dans le calme.
Des réactions d'artistes et de directeurs artistiques croisés à la sortie de l'assemblée publique et lors de la manifestation vont suivre…