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Slague: Dalpé plonge

À l'issue d'une semaine très achalandée avec nombre de premières et une assemblée publique sur la culture, je ne pouvais passer outre les représentations de Slague, l'histoire d'un mineur à La Nouvelle Scène (LNS)! Cette production du TNO, accueillie par le Théâtre de la Vieille 17, est le fruit de l'heureuse collaboration entre la metteure en scène Geneviève Pineault et Jean Marc Dalpé, qui a ici traduit et qui interprète le texte de Mansel Robinson. Cloué dans sa chaise roulante, Pierre DeLorimier relate l'accident qui a fait de lui l'infirme amer et alcoolique qu'il est devenu, ruminant la mort de son fils. Or, cet écorché n'a rien à perdre pour obtenir justice et dénoncer la vie de misère réservée à ceux qui travaillent dans l'antre de la terre, les mines. Le personnage ne mâche pas ses mots pour décrire les épisodes d'une vie accablante privée de lumière. Plus que jamais, on constate à quel point Dalpé a beaucoup en commun avec l'auteur anglo-ontarien dont il avait aussi traduit la pièce Ghost Trains (Trains fantômes). Ils partagent ce penchant, dans leur dramaturgie respective, pour ce nord de l'Ontario mythique où la poussière, la crasse et la misère sont décrites par le truchement de cette classe ouvrière établie dans des régions rurales en déclin… La langue est bariolée, tantôt poétique, tantôt cinglante, et livrée avec brio par un Dalpé solide comme le roc. L'environnement sonore concocté par Aymar se fait étonnamment discret. Et si on sent l'intrigue se profiler à l'horizon au fur et à mesure que l'histoire nous est racontée, on se surprend que son issue soit révélée avec si peu de cérémonie. La finale, par contre, s'avère des plus intenses, quoique peut-être trop verbeuse. La mise en scène, plutôt statique, évoque la froideur et l'obscurité dans lesquelles on plonge pendant l'heure et vingt du spectacle dont on ne sort pas indemne. Gare à ceux qui ont le mal des profondeurs.

Somme toute, une belle façon d'ouvrir la saison théâtrale à LNS!