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Un songe nommé Corteo

 

Les tentes bleu et jaune ont été dressées dans un stationnement attenant au centre St-Laurent et 16 supplémentaires se sont ajoutées à la série déjà annoncée: Corteo du Cirque du Soleil fait l'événement à Ottawa! Et avec raison. Qui ne serait pas impressionné devant les moyens astronomiques déployés par la compagnie québécoise quand elle arrête sa tournée dans une cité? Comment allait rimer le mariage du grand visionnaire et homme de théâtre Daniele Finzi Pasca (Rain, Nebbia) et des grands moyens du Cirque? se demandait-on. Du rêve, de la poésie visuelle, de la passion tsigane, voilà comment on pourrait résumer Corteo. On se retrouve au pays des limbes alors que le narrateur, en clown mélancolique émouvant, évoque ses propres funérailles. Nombre d'amis farfelus suivent le cortège en exécutant des numéros d'acrobatie, de danse, de musique… Des clowns, des acrobates, des musiciens et des anges, beaucoup d'anges. À ce propos, la seule proposition qui m'a titillé est celle de ces anges, tant leurs costumes – robe blanche, grandes ailes immaculées, joues roses et auréole – était convenus. N'y-a-t-il pas moyen de réinventer «l'ange» scénique? On a bien réinventé M. Loyal, chef de piste des cirques traditionnels dans ce spectacle – en siffleur virtuose!

Parmi les numéros les plus enchanteurs, il y a: celui où une petite clownesse est portée par d'énormes ballons d'hélium, atterrissant sur les spectateurs qui la repoussent vers de meilleurs cieux (en voilà une façon de réinventer l'ange scénique!).; ce tableau du Tournik où huit artistes circassiens à la barre fixe s'entrecroisent à une vitesse folle sur une structure en forme cubique; puis ce numéro de fil de fer où une acrobate repousse les limites de cette technique en y marchant pieds nus, sur des pointes ou en diagonale. Époustouflant.

Ce que j'ai toujours apprécié des créations de Pasca, c'est son approche de l'art du clown – on voit d'abord l'homme qui a la nature d'un clown et non pas l'inverse… à ce chapitre, le numéro de l'échelle acrobatique, mais aussi ce petit théâtre improvisant un «Roméo et Juliette» brinquebalant était tout à fait délicieux.

La scénographie et les costumes sont aussi fort jolis – présentant un clin d'œil à Moulin Rouge! -, avec des lits se transformant en trampolines et d'énormes lustres servant à des numéros acrobatiques aériens. Enfin, notre narrateur, en clown mélancolique, était tout ce qu'il y a de plus émouvant et on suit avec grand intérêt les songes de ses «joyeuses funérailles»  – bien que certains numéros s'en éloignent étrangement, tel ce numéro de golf…

Les représentations se poursuivent jusqu'au 26 octobre.