Un programme double attendait une salle comble vendredi soir au Cabaret La Basoche de Gatineau. Une première moitié était assurée par la jeune auteure-compositrice-interprète Viviane Audet, alors que la seconde était un tour de chant du comédien Renaud Paradis qui interprétait des pièces de Jacques Brel.
En formule toute simple, Viviane Audet se présente d'abord à la guitare avec son musicien multi-instrumentiste, puis elle rejoint le piano – son instrument de prédilection – et c'en est parti pour ses petites ritournelles sautillantes comme elle seule sait les faire… Et c'est tout le plaisir qui réside en sa performance: Viviane Audet écrit ses chansons, mais elle est d'abord et avant tout une grande interprète… De celles de la trempe de Clémence Desrochers où la comédienne prend quasi autant de place que la chanteuse… Ses qualités de conteuses et de jeu font d'elle une interprète attendrissante, captivante, sensible… La plupart des pièces qu'elle a interprétées sont issues de son premier album Long jeu, mais elle s'est aussi plu à faire une pièce de Clémence Desrochers et une autre des Colocs. Du reste, elle a profité de l'occasion pour «casser» de nouvelles chansons. Du lot, j'ai préféré celles où elle racontait des anecdotes comme elle sait si bien le faire, à celle aux textes plus abstraits… Autrement, je me suis réjouit qu'elle passe plus de temps au piano qu'à la guitare – qu'elle maîtrise moins bien selon moi… Le langage de Viviane Audet, sautillant, dynamique et pétillant passe beaucoup mieux lorsqu'elle pianote avec douceur ou émoi comme dans sa sympathique pièce Ton ex! Nous surveillerons avec beaucoup de curiosité son deuxième album à venir… En attendant, on peut continuer à apprécier la comédienne au petit ou au grand écran.
Je ne savais trop à quoi m'attendre de l'hommage à Brel par le comédien Renaud Paradis (L'Auberge du chien noir) en seconde partie… Je le savais doué pour la comédie musicale, doté d'une bonne voix, mais comment revisiter Brel sans lui faire ombrage, en évitant la caricature, etc. La réponse est arrivée dès la première pièce! Et j'ai adoré l'heure et quelques poussières qui ont suivi… Renaud Paradis a fait le pari de réinterpréter les pièces de Brel, sans faire d'historique, sans faire d'imitation ou de pastiche… Son spectacle est plutôt celui d'un comédien qui a décidé de se mettre en bouche et dans le corps le répertoire de Brel avec tout ce que cela implique de rebondissements, de punch, de couleurs… On passe ainsi facilement du très drôle au très triste… Accompagné de deux musiciennes chevronnées -piano et accordéon – et jouant lui-même de quelques instruments à percussion selon la pièce, Renaud Paradis a fait usage d'accessoires avec bon goût : ils ne sont pas venir alourdir le propos, mais juste lui donner un peu de pep! Et quel charme que celui de Renaud Paradis. Il maîtrise très bien les textes de Brel, sa voix est juste et belle, et sa présence est grandiose! Bel assortiment de chansons que celui qu'il a choisi de mettre en scène également : des moins connus (Quand maman reviendra, Isabelle, Fernand) aux plus connues (Mathilde, Les bonbons, Les Vieux) en passant par les archi connues (La Quête, Quand on a que l'amour, Amsterdam). Il a même eu l'idée rigolote de reprendre la complainte de beuverie La Bière, en chanson à répondre bien québécoise! La pièce Quand maman reviendra qu'il nous a interprété au piano fait partie des moments forts du spectacle, en plus de la mise en scène loufoque de la pièce Les Bonbons, version I et II! On en voulait encore! Et on se demande pourquoi il n'a pas encore entamé une immense tournée! À découvrir! Une envie nous prend au sortir du spectacle: lire ou relire la biographie de Brel — ce grand parolier comme il ne s'en fait plus — et revisiter son répertoire florissant et éternel!