photo: Valérie Remise
Il neigeait une quantité infinitésimale de mini flocons de neige partout dans la région hier soir pour accueillir un spectacle où la température fait sa loi: Nebbia, troisième volet de la Trilogie du ciel, signée Daniele Finzi Pasca pour le compte du Cirque Éloize. J'avais vraiment adoré Rain – comme une pluie dans tes yeux, le précédent volet, mais je me départis autant que possible de mes attentes trop grandes pour prendre Nebbia comme le nouvel enfant de la troupe de cirque contemporain…
Une première partie plutôt atmosphérique, aérienne et sans trop d'artifice donne le ton. Dans Nebbia, on met la poésie visuelle et la sollicitation des sens avant la prouesse acrobatique ou même l'humour clownesque… On se retrouve ainsi au pays des songes où un trio de clowns revient à l'avant-scène entre les numéros acrobatiques vaporeux: trois collègues vont ouvrir un restaurant Les trois béchamels et parlent de leur village natal où le brouillard – nebbia signifie brouillard en italien – tombent sur les habitants comme un rideau opaque, et où on dit toujours ‘au revoir' avec solennité, au cas où ce serait la dernière fois… Joli. On reconnaît là les racines suisses italiennes de Pasca.
La deuxième partie me conquis enfin entièrement. Ce que j'apprécie par-dessus tout de l'imagerie de Pasca, ce sont les tableaux magnifiques qu'il réussit à mettre en place… Pensons à ces grandes tiges – qui font penser aux quenouilles d'un grand marécage – sur lesquelles ont fait tourner des assiettes blanches… Pensons à ces petites boules rouges volantes traversées par un cerceau… Pensons à ces faisceaux de lumière qu'on fait miroiter… Pensons à cette pluie de bouchons de liège… Pensons à ce mannequin de métal, robotisé, qui viendra hanter la scène à quelques reprises… Parmi les numéros acrobatiques les plus prenants, je retiens le main-à-main, la trampoline (bien scénarisé!), les numéros de trapèze et le contorsionniste… J'attendais aussi avec beaucoup de curiosité de découvrir l'Étoile, un appareil suspendu pouvant réunir plusieurs acrobates trapézistes – dernière création de Daniel Cyr qui nous avait offert la roue Cyr dans Rain, appareil que plusieurs compagnies de cirque ont adopté depuis.
Enfin, tout comme dans Rain, Pasca nous laisse dans Nebbia sur un tableau époustouflant qui fait jaillir de miniatures larmes aux yeux des romantiques… Magie et mélancolie font bon ménage.
Nebbia est présenté ce soir encore à la salle Odyssée de la Maison de la culture de Gatineau