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Le Dragon bleu: Lepage, ce magicien

 

 © Erick Labbe

Le grand Robert Lepage est de retour dans l'antre du Centre national des Arts pour présenter Le Dragon bleu jusqu'au samedi 14 mars. Lui qui avait présenté son solo Le Projet Anderson en 2006 est donc de retour dans ce Théâtre français qu'il a déjà dirigé, sous invitation de son camarade Wajdi Mouawad, avec cette lumineuse suite à La Trilogie du dragon. (elle aussi co-écrite avec Marie Michaud

Voir un spectacle de Lepage s'accompagne toujours pour moi d'une excitation quasi enfantine. Quelles seront les tours de passe-passe que nous proposera cette fois ce génie de la technologie, si brillamment développés auprès de sa compagnie Ex-Machina? Or, malgré les «oh!» et les «ah!» que font naître chez moi un traitement scénique à couper le souffle, cela ne se fait jamais, chez Lepage, au détriment de l'histoire racontée…

Entrecoupée de poétiques tableaux de danse traditionnelle chinoise – et par d'infâmes publicités occidentales! -, la pièce nous fait renouer avec le personnage Pierre Lamontagne (Lepage, toujours d'un naturel) de la Trilogie des dragons, qui tient une galerie d'art contemporain à Shanghai en Chine, après avoir fait une croix sur le Québec. Il reçoit la visite de Claire Forêt (Marie Michaud), amie chère venue adopter un bambin. Elle qui ne devait demander gîte que pour une seule nuit seulement verra son voyage chambardé, bouleversant par le fait même les destins de son ami Pierre et de la jeune artiste émergente Xiao Ling (Tai Wei Foo).

Par le truchement notamment de la mythologie chinoise mais aussi de la Chine "nouvelle", les co-auteures font un parallèle des plus révélateurs entre le Québec en questionnement et la Chine en pleine évolution. On rit, on s'émeut des relations complexes entre les personnages, on frissonne devant les tableaux poétiques d'un Shanghai sous la neige, sous la pluie, sous les éclairs du tonnerre… La pièce nous révèle ce que la Chine a de puissant et de cassable aussi…

Après nous avoir éblouit par des tableaux imbriqués, un décor en constante métamorphose, des éclairages et de la musique électrisants, un texte si pertinent, la pièce nous donne trois avenues pour dénouer l'histoire… Comme le fleuve Yan-Tsé à trois gorges où on jetait les bébés leur offrant trois destins possibles, on ne préfère ne pas trancher…

La pièce sera présentée dans une version anglophone au Théâtre anglais du CNA du 25 mars au 11 avril. Notons aussi que Wajdi Mouawad recevra Robert Lepage à cette occasion, lors des Rencontres du midi le 26 mars à 12h au Salon du CNA.