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L’honnête homme/Un one woman show

La Nouvelle Scène a fait salle comble hier pour la première représentation de L'Honnête homme / Un One Woman Show de Marc LeMyre. Cette production de Poésie électrique est la première carte blanche accordée par le Théâtre la Catapulte à un auteur franco-ontarien. Et pas n'importe quel… En donnant son aval à Marc LeMyre, la compagnie ottavienne donnait aussi du souffle à toute une équipe de création qui s'est investie dans le labyrinthique processus dès le départ.                                  © Marc LeMyre

Il serait très ardu pour moi de résumer ici l'«objet théâtral» que le scénographe Guillaume Houët, le musicien Dominique Saint-Pierre, la comédienne Geneviève Couture et le «poète électrique» Marc LeMyre ont façonné… Et ce serait le réduire que de tenter de le résumer ici en quelques phrases anodines. Disons simplement que ce one woman show met en scène une femme, suspendue dans les limbes, qui tente de rassembler les morceaux de puzzle intelligibles et inintelligibles de sa vie. Pour ce faire, elle doit aller dans les profondeurs de l'océan et gratter là où ça saigne, où ça pue, où ça fait mal… Le chemin est long avant de comprendre le mystère que renferme la quête du personnage. On touche les thèmes de l'enfantement, de la naissance, de la (pro)création… Ce qui n'est pas étranger à la mise sur pied de ce spectacle, qui a été bâti en trois dimensions et que Geneviève Couture porte comme on porte un enfant.

Ne respectant aucune linéarité, l'auteur nous transporte dans des lieux tantôt rigolos, tantôt glauques, tantôt lyriques… La clé, pour le spectateur, est de se laisser porter sur ces eaux tumultueuses qui mènent bien quelque part. Il ne faut pas tenter d'expliquer, de rationnaliser, mais plutôt se laisser porter par les mots et l'émotion. La finale lève le voile sur ce cercle de sable sur lequel elle est postée (superbe scénographie), sur les objets et les personnages qui viennent la hanter… Le parcours aura valu le détour: le solide noeud était ardu à délier et on ne comprend pas toutes ses composantes, mais on voit enfin clair dans cette nébuleuse épopée…

Ce qu'on retient surtout de ce spectacle, c'est l'habileté suprême de Marc LeMyre avec les mots, mais aussi, et surtout, la magistrale performance de la comédienne Geneviève Couture. Faisant un usage très intelligent du corps et de la voix, elle porte le spectacle sur ses solides épaules avec un air de femme soldat à toute épreuve!

On regrette seulement les quelques passages ou, malheureusement, Marc LeMyre n'a pas réussi à suffisamment s'effacer derrière le texte – où est-ce la comédienne qui n'a pas su se mettre l'amplitude des mots en bouche? Quoiqu'il en soit, dans certains passages – surtout au début -, on sent la signature très typée de Marc LeMyre dans certaines envolées lyriques, en rupture avec le reste.

Autrement, on ne peut que saluer la mise en danger dans laquelle s'est lancée toute l'équipe de production – qui s'est élargie depuis le début du processus. Voilà une façon tout à fait noble et pertinente de mettre la poésie en scène. Avec majesté, puissance, émotion et honnêteté. L'honnête homme, c'est lui. La One Woman, c'est elle. Et on espère fort qu'ils vont remettre ça parce que leur mariage créatif est fécond et brillant…