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Fred Pellerin tricote, fricote, enjolive…

La première de L'Arracheuse de temps à Gatineau avait lieu jeudi dernier à la salle Odyssée. Le verbe, le souffle, la poésie, l'humour et la musique du «conteux» séduisent en tous points. Quel artiste unique nous a pondu là le pittoresque et ô combien «légendé» village de Saint-Élie-de-Caxton! Ce rejeton de septième génération de Pellerin est en train de façonner, de conte en conte, un legs inestimable aux héritiers de son village bien-aimé, et au Québec tout entier.

Centré sur le thème de la mort, le spectacle comprend quatre contes que Fred-le-musicien entrecoupe de chansons interprétées à la mandoline, à la guitare, au piano, à l'harmonica ou à la podorythmmie. Il entonne notamment Mille après mille et Quand vous mourrez de nos amours avec une voix étonnamment puissante et jolie (un croisement entre Desjardins, Bigras et Zachary). Ce qui fascine le plus avec ce «tisseux» d'imaginaire, c'est la façon qu'il a de livrer ses histoires. Il ne prend pas le pari d'apprendre chaque ligne par cœur, mais privilégie plutôt une approche artisanale: il tricote ses histoires, les «gosse», il brode sa dentelle, une maille à la fois. Cela crée un effet d'instantanéité qui fait le charme et le génie de Fred Pellerin. Les rires ont fusé hier (plus que devant un humoriste, pour être honnête) de la part du public, que Fred s'employait à tutoyer: «Essaye pas de tout retenir, là, Gatineau!»

Petite surprise en guise d'apéro: Misses Satchmo, un duo de St-Élie-de-Caxton, qui nous accueillait avec ses chansons  bluesy et jazzy. Que ne fût pas ma surprise de reconnaître la talentueuse trompettiste Lysandre Champagne, autrefois aperçue aux côtés de Marco Calliari! À la voix et à la trompette, elle était accompagnée de la pianiste Maude Alain-Gendreau pour jouer des pièces de Basin Street Blues, de Ray Charles, de Louis Armstrong et autres pièces «jovialisantes». Un nouveau groupe à surveiller de près!

L'Arracheuse de temps reviendra nous étourdir le 18 mai prochain au Centre des loisirs de Maniwaki (plûtôt que la Maison de la culture de la Vallée-de-la-Gatineau qui a été la proie des flammes en février dernier) et les 26 et 27 juin au Centre des arts Shenkman d'Orléans.

© Richard Tessier