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Projet Rideau: Ottawa en six temps

Les choses se sont tellement bousculées la semaine dernière que je n'ai pas eu le temps de déposer quoique ce soit ici à propos de Projet Rideau. Or, je veux partager avec vous cette agréable soirée du 8 juin dernier.
Présenté à Magnetic North par le Théâtre la Catapulte, en collaboration avec Zones théâtrales, Projet Rideau proposait six courtes pièces d'auteurs locaux consolidées dans un parcours en plein cœur du centre-ville d'Ottawa. Trois auteurs francophones et autant d'auteurs anglophones avaient reçu la commande d'un court texte ne dépassant par les 20 minutes inspiré d'un lieu insoupçonné ou mal connu de la capitale. Pour Magnetic North, quatre des textes étaient présentés dans la langue de Shakespeare et deux autres dans la langue de Molière. Les chiffres s'inverseront pour Zones théâtrales en septembre (du 17 au 19) – l'ordre des pièces restant toutefois le même.
À partir de l'antre sous la sculpture Maman du Musée des beaux-arts du Canada jusqu'au sous-sol de la Cour des Arts, en passant par la cour Jeanne-d'Arc et le pont Plaza, les équipes de production ont bien su habiter le lieu qui leur était donné.
Chapeau à trois productions coup de cœur… La première, Tourist Things de Patrick Gauthier, une sorte de chassé-croisé amoureux entre deux inconnus, vous laisse le cœur léger, le sourire aux lèvres et la larme chancelante… Un «Parapluies de Cherbourg» urbain et contemporain qu'on quitte à regret!
Mention honorable aussi à Bison mystique de Luc Moquin. Un concentré de western dans lequel on se plaît à découvrir la polyvalence de la comédienne Magali Lemèle (en aubergiste vulgaire) ainsi que le talent de deux jeunes cowboys recrus: Marc-André Boyer et Michel Sauvé. Texte hilarant et belle utilisation de l'espace encore une fois. Bravo à l'équipe également pour avoir su interagir avec les nombreux passants!
Enfin, comment ne pas mentionner la bombe de ce circuit de théâtre ambulant: The Rhyme of Nicholas Street Goal de Pierre Brault. Un texte si fin, lourd et percutant à la fois. Des comédiens de trempe. Un lieu – la vieille cellule de la Cour des Arts – qui avait pour effet de mettre le spectateur dans une sensation de survie : le souffle court, les boyaux chamboulés, la peur aux lèvres… Chapeau!
Je me tarde de refaire le circuit lors de Zones théâtrales pour découvrir Tourist Things dans sa traduction française et Trash (Rebut) de Sarah Migneron – mise en scène de Joël Beddows, aussi directeur artistique de Projet Rideau – dans sa version originale française et interprétée cette fois par Maxine Turcotte. Intriguant.
Cochez votre calendrier et réservez vos billets aussitôt! De tels voyages dans l'antre imaginaire, historique et physique d'Ottawa sont rares. Ou plutôt  espérons que ce genre de projets en convainquent d'autres de faire se rencontrer les communautés théâtrales francophones et anglophones de la région: c'est gage d'un recueil mémorable et fertile!

© Alexandre Mattar