Un autre rattrapage: une soirée mémorable de la semaine dernière…
À défaut de n'avoir pu recevoir tel qu'il était prévu la production Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face en provenance du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, Wajdi Mouawad a proposé le 11 juin dernier une lecture-spectacle de sa pièce qui s'intéresse à la fondation de la ville de Thèbes dans la Grèce Antique. Accompagné du joueur d'oud Mel M'Rabat, le directeur artistique a livré de grands extraits de son texte avec la fougue et le talent de conteur qu'on lui connaît. L'instrument millénaire manié avec virtuosité venait meubler le spectacle d'aériens intermèdes musicaux ou venait appuyer les moments forts du récit…
Dommage que la production mise en scène par Dominique Pitoiset ne se soit pas rendu jusqu'à nous. J'aurais bien aimé voir ce qu'il avait fait de ce texte qui s'intéresse à trois personnages d'une même lignée familiale: Cadmos «l'enfant qui marche» et fondateur de Thèbes, Laïos «l'enfant qui coure» destructeur de Thèbes et Œdipe «l'enfant qui boite qui reprendra, au final, la quête de toute la lignée: retrouver Europe, frère de Cadmos, enlevée par Zeus.
D'une grande poésie visuelle, le texte de Mouawad commet justement l'exploit de condenser en trois actes ces grandes épopées. Beau travail préparatoire et évocateur préparant le metteur en scène, ainsi que son public, aux trilogies de Sophocle (prévues pour 2010).
Par ailleurs, le Théâtre français du CNA a récemment dressé un bilan fort positif de la première saison de Mouawad à sa barre: on note une augmentation de près de 30 % de l'assistance. Ça promet pour la saison 2009-2010 déjà très prometteuse!
© Dwayne Brown