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Un Avelinnois à Londres

À l'heure actuelle, Christian Quesnel s'acclimate tranquillement à son studio londonien, où il séjournera pendant six mois. Au moyen de planches, de photos et de mots, il partagera avec les lecteurs de Voir sa trépidante aventure créative au pays de la cabine téléphonique rouge. Sur son blogue Fenêtre[s] sur Londres, suivez l'évolution de son projet Cœurs d'argile, de ce qui l'inspire et l'aspire, mais aussi la chronique de sa vie londonienne, des humeurs d'un papa loin de sa petite famille, bref d'un Québécois en exil!

Voici quelques morceaux choisis d'un échange avec Christian Quesnel au sujet de résidence d'artiste à Londres, le matin même de son départ.

Comment as-tu obtenu cette résidence d'artiste du CALQ à Londres?

Un peu à la manière d'une demande de subvention, j'ai dû appliquer pour cette résidence d'artiste, chose que je n'avais jamais faite auparavant. Celle-ci m'interpellait particulièrement en raison de la culture, de l'esthétique anglo-saxonne. Des artistes comme Dave McKean qui sont plus dans mes cordes que la BD franco-belge. On me demande souvent pourquoi pas la France ou la Belgique? C'est que ça me parle un peu moins ce qu'ils font dans ces pays là. J'ai donc soumis mon dossier de candidature avec le projet Cœurs d'argile qui porte sur ma maison à Saint-André-Avellin en leur expliquant que j'avais besoin de m'éloigner de l'aspect documentaire pour davantage mettre l'accent sur le côté artistique. Je leur avais soumis ce que j'avais fait dans Le Projet Outaouais qui contient l'un des chapitres de mon projet. On m'a dit que le jury aurait été emballé par l'esthétisme, le genre de récit que je faisais et la démarche d'enrichissement des autres cultures par rapport à mon travail.

À quoi ressemblera tes "quartiers" là-bas?

Je vais habiter dans le studio même, qui est meublé. Apparemment qu'il y a plein d'appartements d'artistes autour. Au départ, je croyais qu'il y avait un studio pour plein d'artistes, mais finalement on a tous notre studio individuel. Je vais essayer de maximiser mon séjour là-bas en rencontrant plein de gens et en essayant de faire des liens avec ici, en Outaouais. Je ne veux pas être le seul à profiter de ça. La fenêtre est trop grande pour moi tout seul!

Comment envisages-tu ton calendrier pour les six prochains mois? Est-ce que tu t'est donné des objectifs?

J'ai des objectifs définis, mais un peu comme je m'en fixe quand je participe par exemple au festival  d'Angoulême, on ne rencontre jamais ses objectifs fixés au départ. Mais on accomplit autre chose! C'est jamais comme on l'avait planifié, peu importe les projections.

Comment comptes-tu vous imprégner du lieu, trouver tes sources d'inspiration?

Je vais très certainement marcher beaucoup. Je vais observer les affiches de ville sur les poteaux, dans les vitrines, elles sont vraiment stimulantes! Les théâtres aussi. Je pense que je vais être gâté par la délégation québécoise à Londres qui pourra m'offrir des billets de spectacles… On m'a déjà dit qu'elle m'attendait [la délégation du Québec à Londres]. Le fait d'être artiste en résidence au CALQ c'est toute une carte de visite pour plein d'opportunités, ça ouvre plein de portes. Mais bon, c'est ma première expérience comme résidence, alors je ne sais pas ce qui m'attend. Mais j'ai des objectifs: je veux  rencontré des gens qui font des festivals là-bas, des festivals de BD, je veux rencontrer des gens qui tiennent des galeries, des artistes aussi, naturellement, pas juste en bande dessinée, d'autres genre d'artistes. Il y a des lieux que je veux visiter aussi. L'architecture aussi qui va beaucoup m'inspirer.

Est-ce que ton english est à la hauteur?

Mon english est pas pire, c'est le cockney qui est pas très bon, l'accent britannique! (rires)

***

J'ai déjà posé pied à Londres deux fois. La dernière fois pour une seule journée. Ce que j'aime de Londres, outre la littérature, ça… Je suis un fan de Conan Doyle! J'aime beaucoup les ambiances qu'il réussit à peindre dans ses romans. J'avais traversé à Baker Street quand je suis allé la première fois! (rires) Je vais certainement lire de la littérature anglaise pendant mon séjour…

À Londres j'aime aussi le mélange d'ancien et de moderne. À Paris, tu as beaucoup d'ancien partout, mais à Londres, tu as de l'ancien marié à du moderne, un peu comme ils ont fait à Berlin avec le Reichtag. C'est vraiment beau ce qu'ils ont fait.

Quelles sont les parentés artistiques que tu as décelées entre les artistes d'ici et les Londoniens?

Il y a toute une école ici… On est quand même plusieurs à faire des trucs dans un style s'inspirant de Dave McKeen. Il inspire beaucoup de monde. Dominique Desbiens à Montréal travaille dans ce genre-là. Marc Tessier aussi qui est au Studio coopératif Premières Lignes (SPL), tout comme Stanley Wany, sont très inspirés par les vieilles illustrations anglaises au 19e siècle. Il y a Sandra Breault qui va sortir un livre cet automne dans la collection TRIP (SPL) qui a un style vraiment inspiré de ces illustrations encore une fois. Il y a un lien solide qui existe entre les créateurs actuels et cet héritage. Il y a tellement plus de choses que l'on veut bien avouer qui nous ressemblent en Angleterre. Être Québécois, ce n'est pas être un Français modifié! Juste la structure de nos villes, de nos campagnes, surtout en Outaouais, ça ressemble beaucoup à l'Angleterre. La façon de manger des Britanniques, ça nous ressemble aussi. Le côté pratico-pratique, l'usage moins volumineux de la langue… On parle avec beaucoup moins de vocabulaire qu'un Français…