La pièce Le Désir de Michel Marc Bouchard tient l'affiche au Théâtre de l'Île jusqu'au 29 août. Écrite en 1995, la pièce raconte l'histoire de Véronique qui éprouve du désir pour un autre homme à la veille de son mariage avec Jasmin… Il n'en faut pas plus pour qu'elle chamboule tous les projets qui avaient fait apparaître l'hystérique planificatrice de mariage Céline Gamache à la résidence d'été de Jocelyne (sœur de Véronique qui gagne sa vie avec sa ligne téléphonique érotique) sans qu'elle n'en soit avisée, et qui fait aussi surgir Serge (père de Jasmin) et son amant Laurier dans ce branle-bas de combat. Il n'y a pas à dire, avec ses quiproquos, ses virements de situation et son intrigue, Le Désir a tout d'une comédie de situation propre au théâtre d'été.
Or, elle est plus que ça. Elle est aussi la première mise en scène de la nouvelle directrice artistique du Théâtre de l'Île, Sylvie Dufour. Est-ce que la première carte de visite répond aux attentes?
Soulignons d'abord que Sylvie Dufour a réunit pour cette production une brochette de comédiens jouissive! À Chanda Legroulx (Véronique), Nathaly Charrette (Jocelyne) et Richard Léger (Laurier), que nous sommes plutôt habitués à voir œuvrer du côté d'Ottawa, s'ajoutent les habitués du Théâtre de l'Île, Claude Lavoie (Serge) et Sasha Dominique (Céline). Un petit nouveau se joint à la bande en la personne de Steve Arnold dans le rôle de Jasmin. Bien que la complicité entre les comédiens soit palpable du début à la fin et que les rôles soient bien assimilés, certaines répliques tombent à plat et manquent de senti. Manque de subtilité de la part des comédiens? Pas tout à fait… Je suis plutôt d'avis que le texte a mal vieilli. La pièce devait sans aucun doute faire s'esclaffer un public qui en redemandait dans les années 90, mais il ne résonne pas avec le même effet aujourd'hui. L'institution du mariage s'étant démodée, les gags ne tournent plus aussi rond qu'à l'origine, de même que certains clichés liés à l'homosexualité, au sexe, au couple…
Les personnages de Serge et Laurier – portés fougueusement par les excellents Claude Lavoie et Richard Léger (tordant avec ses «é» prononcés «e» et ses «e» prononcés «é» – viennent heureusement sauver les meubles par leur bon dosage entre la caricature et le réalisme.
Le spectacle divertit néanmoins. On apprécie le travail de scénographie, le travail de mise en place, le talent des comédiens, mais est-ce la comédie d'été à laquelle s'attendait comme première carte de visite de Sylvie Dufour? Pas tout à fait. On aurait espérer quelque chose de plus actuel, de plus dynamique, de plus engagé aussi, à l'heure où la planète vit de grands chamboulements. Je sais, je sais, la comédie d'été se prête plutôt à un propos léger qui sert justement à s'éloigner des casse-têtes et casse-pieds, mais est-ce qu'il faut pour cela revenir 15 ans en arrière? Patience, patience, la première saison de Sylvie Dufour répondra certainement à toutes ces attentes…