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Zones théâtrales: Nature morte dans un fossé

La biennale Zones théâtrales s'ouvrait lundi avec Nature morte dans un fossé, une pièce de l'Italien Fausto Paravidino, ici traduite par Paul Lefebvre. Le metteur en scène en pleine ascension, Christian Lapointe, signe la mise en scène de cette coproduction du Théâtre de l'Escaouette de Moncton et du Théâtre Blanc de Québec.

Six personnages occupent la scène dès le départ. Six personnages qui sont mêlés à l'histoire d'un meurtre sordide. Le corps d'une femme nue est retrouvé dans un fossé. Elle aurait été battue à mort. Chacun des personnages livrera tour à tour leur portion du récit et peu à peu, les pièces du puzzle se mettront en place. Les interventions de l'enquêteur (Kevin McCoy, tantôt placide, tantôt hystérique) seront particulièrement éclairantes. On rencontrera aussi la mère de la victime (une Marcia Babineau tout en contrôle), le pusher ayant vendu la poudre qu'on a retrouvée dans le corps de la morte, l'ex de la victime et présumé agresseur, ainsi qu'un jeune parvenu qui a trouvé le corps.

Dans rythme effréné, la pièce se déballe comme un bon polar… Pas de doute, Christian Lapointe s'est amusé avec cette production où les accent se mêlent (mais pourquoi avoir situé la pièce en Italie et non pas l'avoir adapté la pièce au Canada si on a des comédiens à l'accent acadien?). La scénographie, des plus inventives, multiplie les accessoires qui auront été préalablement sortis un à un par les personnages et étalés à l'avant-scène. Pièces à conviction pour une histoire sordide, sale, puante… Les déplacements, l'utilisation des accessoires et des projections (montrant les photos du corps, des souvenirs insaisissables ou encore qui montrent le plan de travail de la mère qui cuisine des abominations à l'image de ses états d'âme) viennent appuyer le ton agité du spectacle. Le dénouement, toutefois, laisse sur sa faim et donne une impression confuse… Si on s'est acharné tout au long du récit à dépeindre une société de violence, d'abus, de domination, on reste de glace devant la clé de l'intrigue. La divulgation de l'agresseur mène finalement à un incident isolé et non-prémédité qui vient en quelque sorte annuler le procès de société brossé depuis le début…

Demain, je partagerai mes impressions de la pièce Littoral de Wajdi Mouawad (au Théâtre du CNA juaqu'à samedi) et de Bob à la mer, une création du Théâtre du Nouvel-Ontario, présentée à La Nouvelle Scène ce soir.