Bob va à la mer de Daniel Macivor (traduit par Anick Léger) nous arrive du TNO dans une mise en scène de sa directrice, Geneviève Pineault. Le spectacle solo repose sur les épaules de la jeune comédienne sudbéroise Sandy Fortier qui en est à sa première production professionnelle…
La pièce met en scène une jeune fille/éternelle enfant qui, au fil des conversations avec les conducteurs qui voudront bien l'embarquer à l'auto-stop, révélera son hideux secret. On découvre ainsi son amour de la musique, qu'elle utilise pour remplir les silences oppressants, on écoute le récit de son amitié avec Tamara, de son premier ami de cœur, un rockeur au grand cœur si doué pour les «faux-semblants»…
Dès les premières minutes, on constate le désarroi dans lequel elle est plongée. Elle est agitée, fait des cauchemars, des crises, est habitée par une angoisse qui la gruge… Au fil d'un conte pour enfants des plus grossiers, on en vient à la conclusion que la princesse non désirée de l'histoire, détestée par la Reine et trop aimée par le Roi, c'est elle… Aux conducteurs qui lui font la conversation, elle révèle sa destination: «vers l'est, jusqu'à l'eau», vers ces rivages, ces vagues qui balaient tout. Elle veut aller vers cette personne qui lui a fait tant de mal, mais qu'elle aime tant, en victime adulant son bourreau…
Il n'y a pas à dire, le rôle demandait une grande maitrise à la comédienne pour arriver à suivre la courbe émotionnelle du texte… La jeune actrice réussit ce pari puisqu'elle parvient à rendre son personnage torturé crédible. Mais pourquoi, au final, n'arrive-t-elle pas à émouvoir lorsqu'elle révèle son lourd secret et le drame qui s'en est suivi? Pourquoi est-ce que la montée dramatique n'opère pas? Peut-être parce que le personnage a été brossé à trop grand traits dès le début et que les nuances font défaut… Dès les premières minutes, Bob est dans tous ses états. Peut-être aurait-il fallu que son angoisse augmente au fur et à mesure qu'elle se dévoile et qu'elle retire les morceaux de vêtement qu'elle porte lourdement? Peut-être aurait-il fallu lui créer une personnalité multiple pour qu'on arrive à faire une distinction plus grande entre la petite princesse, la petite fille que l'on a manipulée et à qui on a fait beaucoup de mal, et cette «adulescente» rebelle qui s'enfonce? Ces nuances auraient donné plus de corps au personnage, autrement difficile à saisir…
Le spectacle saisit tout de même par l'exploit qu'a commis la comédienne avec un solo en guise de baptême professionnel… En espérant la revoir évoluer sur nos scènes ultérieurement…