La La pièce Blackbird est présentée jusqu'au 26 septembre au Studio du CNA. Cette production des Célestins (France) raconte l'histoire des retrouvailles entre un homme et une femme qui ont vécu une idylle alors qu'il était âgé de 40 ans et elle de 12 ans. L'homme a été accusé, a purgé sa peine en prison. La femme a aussi vécu son châtiment des lendemains avec les regards accusateurs, les psys, une première et affreuse peine d'amour… Parce que, oui… La petite gamine était amoureuse et consentante. Parce que, non… ces choses-là ne se font pas de la part d'un homme plus que majeur! La pièce joue sur ce regard: est-il pédophile ou a-t-il croqué la pomme interdite qu'une seule fois…?
La rencontre au sommet est provoquée par la femme. Elle veut le confronter, lui raconter sa version de l'histoire, de A à Z. Elle écoutera aussi la version de son «agresseur» d'amour…
Cette production archi-réaliste est signée avec rigueur et sobriété par Claudia Stavisky et est portée à bout de bras par deux acteurs magistraux. D'abord, Maurice Bénichou qu'on avait vu, inoubliable, dans Caché de Michael Haneke. On savait qu'il allait assurer. Il s'est imposé. Et par Léa Drucker: solide comme une montagne dans le rôle de cette gamine devenu grande et amère, chavirée entre la colère, l'affection et l'accablement.
La pièce n'impose aucune ligne de pensée quant à ses trouvailles bordéliques, renversantes. Mais il laisse le spectateur avec une matière à modeler… Et des préjugés à envoyer à la poubelle..
photo: C. Genet