L'Illusion comique de Corneille est présentée jusqu'au 28 novembre dans une mise en scène de Dominique Lafon au Théâtre la Catapulte. Il s'agit d'une première pour cette compagnie ottavienne de reprendre un texte du répertoire classique. La metteure en scène a ici fait le pari de miser sur de jeunes acteurs, à peine sortis des écoles de théâtre, pour donner vie à cette pièce où les mises en abîmes (théâtre dans le théâtre) se multiplient. Ne cherchant nullement à «rajeunir» artificiellement la pièce pour la mettre au goût du jour (le décor évoque la Grèce antique, les costumes sont classiques), Dominique Lafon a plutôt parié sur la jeunesse de sa distribution pour mettre en relief les relents contemporains de la pièce. Voilà une approche des plus nobles et valables qui a pour résultat de donner un spectacle rafraîchissant où on découvre le talent brut d'une relève très éduquée, éloquente et flamboyante. Le quatuor de comédiens centraux – Pierre Antoine Lafon Simard (présence scénique implacable), Marc-André Boyer (jeu fin et maîtrisé), Larissa Corriveau (solide et magnétique), Frédérique Thérien (son premier rôle professionnel: une révélation!) brille par sa fougue et sa flamme. On sent leur complet engagement dans cette production menée de mains de maître par celle qui dirige par ailleurs le Département de Théâtre de l'Université d'Ottawa. Étrangement, la communion entre l'ancienne génération de comédiens et la nouvelle n'est pas aussi consistante qu'on ne l'aurait souhaité. On cherche en vain l'entrain chez les autres comédiens de la distribution qui n'ont pas réussi à soutenir l'ardeur que le quatuor, en symbiose, y a mis.
© Mathieu Girard