Les Éternels pigistes étaient de passage à Gatineau les 22 et 23 janvier derniers avec leur dernière création: Pi…?!, une comédie grinçante signée Christian Bégin. Suite à une réflexion sur la finitude humaine, l'auteur, animateur et comédien a créé l'histoire du chef cuisinier Manu (joué par Bégin lui-même), qui a survécu à un grave accident et est revenu du néant après 17 minutes de mort clinique. Sa compagne Gabrielle (Marie Charlebois qui signe aussi la mise en scène) n'en peut plus de cette vie de reclus dans laquelle il s'est plongé et qu'il alimente toujours huit mois après l'accident. Elle réclame une soirée entre amis et invite le couple Sue et Pierre-Louis (Isabelle Vincent et l'efficace Pier Paquette) avec pour seule règle de ne pas aborder le fâcheux et sinistre épisode… Bien évidemment, la soirée tournera au vinaigre. En voulant éviter d'aborder le gros éléphant rose dans le salon, les compères le piétinent et le bousculent d'autant plus. Rapidement, on constatera que tout n'est pas rose dans la relation amoureuse des deux couples, on en apprendra sur leur propre rapport à la mort, à la vie… Un invité impromptu -Marc, le frère un brin dérangé de Gabrielle (joué par l'hilarant Patrice Coquereau) -, viendra ajouter une dose d'humour d'ironie, mais aussi de drame à la soirée.
Devant un décor et une démonstration aussi réaliste et banale, le spectateur peut être appelé à se demander: à quoi bon ce texte au théâtre? Est-ce le médium de choix pour ce texte bavard? Puis, on se réjouit devant quelques scènes comme celles où les cinq protagonistes jouent à la «boulette» à table et cherchent les noms des personnalités à deviner… La musique dans le tapis; on peut alors observer des personnages déstabilisés par l'état de profonde morosité dans laquelle nage Manu, mais aussi par leur propre vulnérabilité – et ce, non sans y voir un clin d'œil à la Dernière Cène. La finale en aura certes surpris plus d'un avec ce jeu de l'ironie du sort qui aura traversé tout le récit et puis, enfin, cette fatalité amère et douce à la fois.Cette soirée aura détruit le cercle que formait ces amis, ces amours, mais c'est sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver.
En somme, un texte sensible, amusant, juste, mais qui aura fait peu de vagues. Et surtout, des comédiens dévoués dont le plaisir de jouer ensemble crève le quatrième mur.
Merci pour ce texte, je voulais justement un feed-back de cette pièce vue vendredi dernier.
Pour ma part, je dois avouer que je n’ai pas aimé, malgré mon admiration immense pour cette troupe d’originaux. Est-ce le changement d’auteur qui ne leur fait pas? Toujours est-il que la comparaison avec leur précédentes œuvres (surtout le magnifique « Rire de la Mer ») fait souffrir cette pièce-ci. L’idée est originale, mais les personnages de Bégin et de Coquereau sont les deux seuls que je n’avais pas envie d’aller frapper sur scène (l’intellectuel est proprement insupportable, et les personnages féminins énervaient, surtout l’ anglophone!)
Je déplore aussi les transitions entre les scènes, trop brutales, qui cassaient le ton. On voit qu’ils ont l’habitude des pièces à sketch, et ici, à mon avis, ça ne va pas.
La pièce aurait pu se conclure après la discussion entre Bégin et Coquereau, selon moi. Le reste gâchait à mon avis.