Wajdi Mouawad a convié les journalistes dans un lieu inusité – du moins pour un point de presse – 
pour faire l'annonce de sa nouvelle saison théâtrale: au Tim Hortons! Quelques heures avant de dévoiler sa saison au public et fidèles abonnés du Théâtre français du CNA, il attablait les journalistes autour d'un café dans une tasse en carton et deux douzaines de Timbits!
Pour mettre la table, le directeur artistique du Théâtre français rappelle les quatre grands principes qui dictent sa pratique, sous la forme d'un rectangle: le coin «famille» qui entretient un lien avec ses prédécesseurs et les artistes/créateurs avec lesquels ceux-ci étaient en dialogue; le coin «enfance» qui accorde une grande importance aux spectacles enfance mais aussi aux activités connexes; le coin «étranger» qui accueille non seulement une compagnie théâtrale étrangère, mais une langue étrangère; puis le coin «créations» qui met de l'avant autant ses propres créations mais aussi celles d'artistes invités. Wajdi Mouawad enchaîne ensuite avec le processus de réflexion qui l'a mené à choisir la phrase qui allait coiffer la saison 2010-2011, succédant aux évocatrices et criantes: Nous sommes en guerre et Nous sommes en manque. En cherchant à s'éloigner à tout prix d'un rapport mercantile avec sa pratique, et en voulant nommer cette chose qui nous «dévore» quotidiennement (comme un serpent avale sa proie), il propose la parole suivante: Le Kitsch nous mange. Plus abstraite que les autres, cette phrase remplie son mandat: susciter la réflexion. Et avec les œuvres de l'artiste winnipegoise Diana Thoneycroft qui viennent accompagner l'affiche mais aussi le programme de la saison, on se sent doublement interpellé. Chaque image méritant plusieurs minutes d'observation pour en faire résonner tous les sens. Je vous laisse les explorer par vous-mêmes en visitant le : http://www.nac-cna.ca/fr/theatrefrancais/1011/ ou en vous procurant le singulier calendrier de la saison qui met en lumière des dates (anciennes ou récentes) qui reposent toutes sur une posture ou une attitude «kitsch» – de la création de la Barbie à la tragédie de l'Ordre du Temple solaire, en passant par les camps de concentration.
Je vous invite aussi à lire le blogue qu'a lancé hier Guy Warin, l'adjoint à la direction artistique et qui sera alimenté tout au long de la saison au: http://blog.nac-cna.ca/fr/blog/2010/03/16/le-kitsch-nous-mange/
Qu'en est-il de la saison 2010-2011?
-La saison démarre en force avec, en exclusivité canadienne, Les Justes d'Albert Camus mis en scène par le Français Stanislas Nordey. Wajdi Mouawad y tiendra un rôle aux côtés notamment d'Emmanuel Béart.
-Deux spectacles seront présentés en langue étrangère pour cette saison. D'abord Le Fusil de chasse, tiré du roman de Yasushi Inoué mis en scène par François Girard sera présenté en japonais avec surtitres français et anglais. Ensuite, Vérité de Soldat sera présenté en bamanan, le dialecte du Mali à l'occasion des cinquante ans de l'indépendance du pays.
-Une soirée littéraire inusitée prendra place dans la capitale : Mais que lit Stephen Harper? Des personnalités canadiennes y liront des suggestions de lectures et les lettres de Yann Martel, qui sera aussi présent lors de l'événement unique.
–Marie Brassard revient dans l'antre du CNA avec une nouvelle création: Moi qui me parle à moi-même dans le futur. Intriguant, comme toujours.
-Après l'avoir créé à Québec à l'invitation du Théâtre du Trident, Wajdi Mouawad présentera [. .] à Ottawa puis à Montréal. Tout ce qu'on en sait pour le moment, c'est que l'auteur du Sang des promesses se mettra en danger: il s'enfermera dans une salle de répétition avec des acteurs deux mois avant la première pour pondre un spectacle.
-Les autres spectacles de la programmation adulte sont: Personal Jesus de Gaétan Nadeau; Wolfe d'Emma Haché (le fruit de ses derniers mois à titre d'auteur associé au Théâtre français du CNA); Vérité de soldat de Patrick Le Mauff.
-Le volet enfance et jeunesse dirigé par Benoît Vermeulen comprend autant de spectacle que le volet adulte. La saison comprend notamment la création Éclats et autres libertés pour lequel Benoît Vermeulen a réunit un quatuor d'auteurs. Le spectacle Roland (la vérité du vainqueur) s'inspire de La Chanson de Roland et propose un singulier spectacle de conte avec marionnettes et théâtre d'ombres.
Dans les spectacles enfance, notons l'adaptation de La Tempête de Shakespeare par Emma Haché et Le Spectacle de l'arbre dédié aux 1 an ½ à 3 ans. Comme quoi, il n'est jamais trop tôt pour fréquenter nos salles de théâtre.
Pour connaître la saison en détails, visitez le www.nac-cna.ca/fr