Même si le mercure était tombé sous ma limite psychologique hier soir, je n'ai pas modifié mes plans et je suis allée voir Bordeline au cinéma. Je savais qu'il y avait certaines scènes de nudité, mais je ne pensais pas qu'il y en avait autant. Or, si ça m'agace quand on place de telles images gratuitement dans un film, je dois dire que l'usage qu'en a fait la réalisatrice Lyne Charlebois est tout à fait juste et ajoute une douloureuse poésie au récit. Car dans Bordeline, le lien qu'entretient le personnage de Marie-Sissi Labrèche (incarnée par Isabelle Blais, attachante) avec son corps et le sexe est trouble, malsain; il ouvre les jambes pour se faire aimer. Dans le traitement de l'image, on sent par ailleurs le passé de Charlebois comme réalisatrice de vidéoclips (Daniel Bélanger, Laurence Jalbert, Marjo…). En quelques secondes, en un seul tableau, on résume un état d'esprit, des années de souffrances.