Il ne reste que quelques jours pour voir À douze ans, j'ai mangé un modèle à coller, une création du collectif Les Indigestes. On y suit un personnage qui est aux prises avec un trouble psychopathologique. Tantôt tragique, tantôt comique, la pièce invite le spectateur à développer un sentiment d'empathie envers la maladie mentale. Jusqu'au 20 mai, au Théâtre Mainline. Rés.: 514 582-1623.
Dans cette unité psychiatrique du nulle part, les olibrius damnés et zombiesques s’affrontent pour êtres, pour aimer, et pour savoir, dans une obsédante course du caractère principal vers la découverte de la fin, sa fin. Un jeu en mouvement, au sens musical du terme, mais en tempo accéléré: tableaux en pose outrées presque fixes, caractères éberlués, ahuris, hallucinés déclamant comme des Sarah Bernard trash, des récitants d’antique théâtre Grec surréels, puis tempête, poursuite, guerre, dérives fantastiques en forme de passage à l’acte des conflits pulsionnels et existentiels indirectement exposés: d’un baroque éclaté, d’une vulgarité d’une truculence dantesque. En dents de scie, une pièce maniaco-dépressive. On se lâche « lousse »…
Des éclairages de Vicky Grenier, appropriés, très « Red Light ». Un fond sonore industriel « trash hardcore » douloureux de distortions est omniprésent, comme un mantra obsédant procédant d’une « excrémentalisation » sonore cauchemardesque. Merveilleuse atmosphère de bad-trip existentiel, chute libre vers l’anéantissement.
L’écriture est intéressante, malgré le côté manichéen de l’univers. D’une incohérence cohérente d’éclatements déstabilisants, peut-être pas très « grand public », mais pas hermétique non plus.
Que peut-on dire, à une jeune troupe sachant très bien que même avec une salle complète, ils joueront surtout pour le salaire de la gloire de l’art ? De parodier le théâtre-recette, de ressasser des approches de jeux, des techniques qu’ils maitrisent déjà, de rester dans la zone de confort ? Hum, à mon avis, pas du tout. L’attitude de cette jeune compagnie me semble beaucoup plus rentable et exemplaire, en terme de développement de jeu, d’écriture et de travail de régie: déplacer les clôtures, essayer de nouvelles choses, explorer de nouveaux horizons théâtraux, repousser les (et ses) limites.
texte complet: http://yvesrousseau.blogspot.com/2007/05/thtre-12-ans-jai-mang-un-modle-coller.html
Cette pièce laisse obligatoirement perplexe,
il est difficile de la définir avec précision..Cela dit peut être que cela est voulu ,
et que c’est la piéce elle même qui veut laisser un espace necessaire pour l’interprétation subjective du spectateur.
En tout les cas, Les Indigestes proposent de fait une liberté dans la maniere d’interpréter leur art ,aussi peuvent ils aussi inspirer ceux qui les voient aller..
En sortant de là, je ne savais pas vraiment si j’avais aimé dans un sens categorique,sans regretter pour autant une seule minute d’y être allé..
C’est donc que j’ai trouvé cette piéce utile.
Les Indigestes proposent un univers tres particulier, un univers propre à eux dans lequel ils ont l’air de se sentir à l’aise.
Et comme chaque chose sortant des sentiers bâttus,cela ne laisse pas de place à une tiedeure de jugement.
Il y a obligatoirement ceux qui adhérent et ceux qui restent totalement à l’exterieur de cet univers proposé.
Ce n’est pas le genre de spectacles qui diverti, c’est le genre qui demande un investissement, un effort de comprehension.
On ne comprend pas tout car tout n’est pas comprehensible et ce n’est pas un probléme… le délire à sa place dans l’univers Indigeste et cela n’enléve rien à la reussite de la piéce.
Comme dans la vie on ne peut pas toujours tout expliquer,parfois on se trouve dans le flou ici on pourait parler d’un flou artistique qui fait partie integrante de cette troupe tout à fait interressante.
Quel que soit le moyen utilisé, il n’est jamais trop tôt pour démystifier, la psychopathologie. On ridiculise, bien sûr souvent ce que, l’on ne comprend pas. Ou pire, on le détruit. Faire, une tentative, pour comprendre le fonctionnement du cerveau, en tant que tel, est pratiquement impossible, à moins d’y être spécialiste. Mais, essayer de faire au moins, l’effort de se familiariser, à tous ces marginaux, de toutes les manières possibles ou impossibles, mérite d’être souligné. La pièce théâtrale est une excellence, façon de toucher un très large potentiel. Ne serait-ce, que l’empathie, ou la sympathie, que quelques individus pourraient être enclins à développer. J’applaudis vivement, le «Théâtre Mainline, pour : À douze ans, j’ai mangé un modèle à coller»! Une création collective, tout à fait hors de l’ordinaire!