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Quand la canne à sucre devient sirop

Quoi de mieux que d'écouter de la musique cubaine quand le soleil brille sur place d'Youville, en plein festival d'été? Que de se déhancher au rythme des sonorités latinos, Buena Vista Social Club en tête? .

Erreur ! Hier après-midi, le son cubain tant attendu s'est plutôt fait attendre, alors que Carlos Varela nous enveloppait de sa pop cubaine bien ficelée, mais plutôt décevante en fin de compte. De différent de notre bonne vieille pop américaine ou canadienne, il n'y avait par moments que le langage. Et le charme de la langue espagnole passé, le ton restait sirupeux et les arrangements, assez quétaines merci.


Carlos Varela
 

Mais bon, ne soyons pas trop sévère, car l'ensemble s'écoutait assez bien et l'ajout du piano à certaines pièces parvenait parfois à faire disparaître le côté trop pop pour faire apparaître un côté plus festif, et les festivaliers qui remplissaient la place d'Youville ne demandaient que ça. Les Cubains étaient nombreux parmi la foule, quelques-uns agitaient un drapeau au-dessus leur tête, et ils ont sûrement été les seuls à comprendre les interventions du chanteur, qui ne parlait qu'espagnol, et ce, malgré les efforts infructueux de la jolie choriste pour traduire le tout dans un anglais approximatif.

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Autre erreur, de mon bien humble avis : avoir fait jouer Joseph Arthur alors que le soleil plombait toujours. Le rock aux accents britanniques du groupe et surtout leur look totalement urbain, lunettes de soleil immenses en prime, se mariait étrangement à la lumière du jour. On les aurait imaginé à l'Impérial, ou au Pigeonnier pour fermer le bal, enveloppés par la nuit. Tout ça cadrait mal et la bassiste – la seule à ne pas avoir enfilé ses lunettes soleil – paraissait comme une nymphe nocturne perdue dans la lumière du soleil. Contraste quand même intéressant mais.

 
Joseph Arthur

J'ai plus ou moins aimé, je ne connaissais pas du tout et il m'a semblé que Joseph Arthur et son band n'apportait rien de nouveau sous le soleil. Peut-être que si j'étais restée un peu plus longtemps, mon jugement aurait changé, ou peut-être aurais-je dû enfiler mes lunettes de soleil pour y voir plus clair, mais après 5-6 tounes, j'ai décollé vers les Plaines.

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Premier constat : y fait frette !!! Comment ai-je pu oublier qu'il faut s'armer de gilets de laine et de bons souliers quand on prévoit passer quelques heures sur les Plaines? J'en ai récolté une voix éraillée ce matin et un rhume en perspective.

 
Big Chief Bo Dollis & The Wild Magnolias

J'ai écouté le premier band de loin et me suis réchauffée avec un shooter de jack daniel – des shooter girls sur les plaines, on aura tout vu quand même! C'était un band de la Nouvelle-Orléans qui s'appelle Big Chief Bo Dollis & The Wild Magnolias. Dans le genre blues solide, on ne peut faire mieux, mais comme je suis plus ou moins attirée vers le genre, j'ai écouté d'une oreille distraite. Les Plaines ne cessaient de se remplir, pourtant l'ambiance tardait à prendre son envol. Il faut dire que la moitié du 'parterre' étant occupé par l'empire des chaises pliantes, ça ne levait pas trop fort.

Est-ce que je vous ai dit que la soirée en était une bénéfice pour la cause du désastre qui a eu lieu en Nouvelle-Orléans? Il fallait donc payer 10$ de plus pour entrer, en plus du macaron, mais semblerait que 70 000 personnes étaient présentes (selon le Journal de Q.), ce qui n'est pas autant qu'à Manu Chao, mais quand même.

Zachary Richard

Zachary Richard et Francis Cabrel ont commencé le tout de belle façon en chantant 'La promesse cassée' et ils nous ont fait un joli discours sur le comment et le pourquoi de leur collaboration. J'ai eu plein de temps pour penser aux résonnances entre les deux artistes pendant le show de Richard, parce que bon, il est bien gentil Zachary mais ses tounes ne sont pas trop dans mes cordes, alors j'avais plutôt la tête ailleurs. Et j'en suis venue à la conclusion : c'est vrai qu'ils se ressemblent. Un accent français un peu cassé (l'un vient de Toulouse, l'autre des bayous), des hommes qui ont à coeur des causes sociales – car même si on ne retient souvent de Cabrel que ses innombrables chansons d'amour, c'est quand même lui qui a écrit 'Ma place dans le trafic' (Je suis un mutant, un nouvel homme/Je ne possède même pas mes désirs/Je me parfume aux oxydes de carbone) et 'Répondez-moi' (Mais la dernière des fées cherche sa baguette magique/Mon ami, le ruisseau dort dans une bouteille en plastique/Les saisons se sont arrêtées aux pieds des arbres synthétiques), chansons écologiques avant l'heure. Bref, leur alliance est logique, naturelle, même, à bien y penser.

Francis Cabrel

Mais que voulez-vous, nostalgie d'adolescence oblige, c'est Francis Cabrel que j'attendais avec impatience, assumant sans problème mon côté profondément quétaine à ses heures. Il est finalement arrivé très tard (10h30 passés) et je commençais à avoir les pieds engourdis par le froid et la position debout. Après quelques chansons qui ne sont pas trop mes préférées, Francis a finalement fait plaisir à ses fans en s'asseyant seul avec sa guitare pour enfiler trois succès immortels : 'Petite Marie', 'L'encre de tes yeux' et la très triste 'C'était l'hiver'. Le choeur de la foule qui chantait 'Petite Marie' fut le moment magique de la soirée, on aurait entendu une mouche voler, tellement le bavardage s'est éteint l'espace d'un instant sur les plaines. Faut dire qu'on la connaît par coeur, celle-là. Sacré Francis, quand tu nous tiens!

«J'ai beaucoup aimé chanter avec vous!», a-t-il lancé aux sages festivaliers avant d'enchaîner avec 'Encore et encore', MA toune que j'ai chanté avec plaisir, les souvenirs anciens défilant dans ma tête. Ah, ces chansons qui nous ramènent dans notre passé.

Ensuite, le spectacle n'était pas fini, mais je n'en pouvais plus, je suis donc partie afin d'éviter la cohue de la sortie sur les notes de 'Sarbacane', direction dodo bien mérité.

Ce soir, vais-je affronter la pluie pour aller entendre les géniaux Cinématic Orchestra et Patrick Watson ? Bien sûr que oui, et je suis prête à parier que je ne serai pas la seule. Pour les plus frileux, la soirée hip hop à l'Impérial avec, entre autres, mes amis de CEA s'annonce également tentante.