Il n'y a pas d'autres explications rationnelles, si vous voulez mon avis. La pluie qui a sévi toute la journée, et qui n'était devenue qu'une bruine pendant la prestation de Cinematic Orchestra, a été ravalée par le ciel alors que le magique et aérien Patrick Watson prenait les commandes de la scène du Pigeonnier, devant une foule vendue d'avance, comblée et en effervescence.
![]() Cinematic Orchestra Source: Vos photos du Festival d'Été de Québec Photo: Frédérick Jourdain |
Cinematic Orchestra avait préparé le terrain de belle façon avec leur musique minimaliste et enveloppante, aux accents jazzy par moments. Très smooth, certains m'ont fait remarquer qu'ils auraient aimé mieux que ça swing un peu plus et que le groupe s'essaie à des pièces de leurs premiers albums. Mais moi, je ne connais que Ma Fleur, le dernier opus du groupe, et j'ai été comblée par la musique qui emplissait l'antre du Pigeonnier et par la virtuosité des musiciens. Et les effluves de Marie-Jeanne m'ont fait comprendre que je n'étais pas la seule à me laisser aller en rêvasserie sur une musique qui s'écoute les yeux fermés.
Anecdote : quand j'ai rencontré les gars de Cinematic Orchestra au très chic bar le Sacrilège en fin de soirée (en passant, c'était LA place à être hier soir, car rien de moins que Pat Watson et sa bande y sont venus terminer la soirée), ils m'ont expliqué que le titre de leur dernier album était inspiré d'une chanson qui avait à l'origine le titre Mal Fleur. Et pourquoi en français? Il semblerait que Jason Swingcoe, un gars «très romantique» selon son compère Stuart, est marié avec une française et qu'il l'appelle «sa fleur». Les gars du groupe, en tournée intensive pour le prochain mois au Canada et en Europe, ont été bien impressionnés et charmés par les «petites lumières rouges qui scintillent».
![]() Patrick Watson : STIGMAT PHOTO/ Larry Rochefort |
Revenons à Patrick Watson. Comme je suis sûre que mes compagnons de blogue aux oreilles aguerries Antoine et David trouveront les mots plus justes que moi pour décrire la musique de Watson, je me contenterai de dire :
Watson est ce farfadet sorti du pays des merveilles, version trash,
Avec sa cigarette à la bouche et sa voix d'ange
Avec son piano ensorceleur et son band qui garoche ça comme une tonne de briques
Avec le jeu de lumières qui faisait passer l'atmosphère de celle d'un cabaret enfumé à celle d'un show qui remplit le coffre et renverse le toupet en moins de deux.
Tout simplement exquis et intense.
Il est fou, déborde de sensibilité et de joie de vivre. Il était tellement heureux que le public de Québec, qu'il a qualifié de «meilleur au monde» se soit déplacé même sous menace de pluie torrentielle. Rencontré au Sacrilège, il volait d'une table à l'autre, verre à la main, et a avoué avoir «failli pleurer» à un moment tellement il était ému.
Et même a capella, sa voix cristalline résonnait dans le Pigeonnier. Comment peut-on avoir une voix aussi pure et fumer autant de cigarettes? Mystère. Les dieux doivent bien avoir quelque chose à voir là dedans aussi, je parierais.
Rarement je vois des shows où je suis transportée par la musique. Surtout par un artiste que je connais à peine. ‘Close to Paradise’ et ‘The Great Escape’ étaient les seules connues de mon répertoire Watson.
J’ai été en transe tout le long de ce magnifique spectacle, où la pluie a cessé juste à temps pour cette performance aussi paisible qu’énergique. Tout y était pour un concert parfait : l’ambiance grisâtre, qui plongeait la foule dans un univers mystérieux, l’attention et le silence des gens présents, laissant toute la place aux moindres sons et subtilités musicales du groupe (rappelons ce ballon jaune dégonflé sur les cordes de guitare pour donner un effet…)
Si Watson parle d’une chimie avec le public, il l’a certainement obtenue. Loin d’être têtes enflées, lui et sa bande n’ont pas fait attendre les plus fanatiques de leurs admirateurs, arrivant à peine dix minutes après la fin du spectacle pour signer des autographes. C’est en s’esclaffant devant la table bien disposée avec bouteilles d’eau et crayons que Patrick Watson est arrivé, n’hésitant pas à dédicacer albums, macarons du FEQ. Loin d’être une séance d’autographes habituelle, où les musiciens veulent passer rapidement les gens, Patrick Watson et ses acolytes discutaient avec tous et chacun, prenant le temps de leur demander leur nom et de les remercier.
Une merveilleuse soirée où même une pluie de grêle n’aurait été qu’un petit élément dérangeant.