Hum… l'image est de mise, mais peut-être mal choisie pour résumer ma soirée… Aussi devrais-je plutôt dire dans le ventre de la fourmi, si je fais allusion à l’espace minuscule que j’ai réussi à arracher à la foule en feu qui avait envahi le Café du Fjord hier soir, pour venir entendre Mister Valaire et surtout Beast.
Il aura fallu faire preuve de patience pour y arriver… et claustrophobes et autres agoraphobes s’abstenir! Mais la ténacité est sûrement la mère de toutes les vertus car entre le spectacle de Mister Valaire et celui de Beast, j’ai réussi à me glisser à l’avant, alors qu’une masse agglutinée de gens, n’ayant pas l’intention de céder leur place d'un iota, attendait fébrilement que Beast et son trip hop endiablé fassent leur oeuvre.
"Vais-je mourir écrasée?" Cette préoccupation vitale fut bientôt oubliée lorsqu’après un interminable changement de setting (enfin, il me parut interminable, à moi et à ceux qui étaient serrés les uns contre les autres à l’avant, alors que les esprits commençaient à s’échauffer), Jean-Phi Goncalves et Beatrice Bonifassi, accompagnés de leur orchestre rutilant, sont enfin montés sur scène.
Dire que les fans de Beast sont nombreux est un euphémisme; le groupe est tout simplement adulé. Betty Bonifassi à elle seule est fascinante; loin de projeter l’image d’une quelconque starlette, elle sautille telle une bête, enfonce la tête, sort la langue, et puis nous met littéralement en transe avec sa voix aux trémolos profonds, abyssale. Elle s’approche du bord de la scène, tend les bras vers le public qui, ravi, ne sautille que de plus belle. La consécration de la soirée, même si à la moitié du spectacle, épuisée, j'ai dû battre en retraite, mes 5 pieds ne faisant pas le poids devant une foule de plus en plus déchaînée.
La surprise de la soirée, quand à elle, se trouvait un peu plus tôt plutôt du côté de Victoria Tibblin vs Odieu, une Suédoise (tellement mince et grande qu’elle a fait jaillir un «oh!» de la bouche du public en entrant sur scène – à moins que ce ne fut à cause de la nuisette noire transparente qu’elle portait…) et un Belge irrévérencieux qui est arrivé derrière son piano cagoule sur la tête. Un duo improbable, anachronique, mais délicieusement explosif.
Il fallait avoir l’esprit ouvert, mais ceux qui sont restés, décidés à ne pas succomber à la première impression – «weirdos!!», avait-on envie de dire – furent, tout comme moi, hypnotisés par la présence scénique des deux artistes. D’un côté, Odieu, dont les mains volaient littéralement sur les notes, véritable vertuose du piano, grinçant et sarcastique, prenant le public à partie. De l’autre, Victoria Tibblin, à la physionomie hors norme, mélange de punkette timide et d’ange déchue, à la voix incroyable, habitée par ses chansons, qu’elle vit littéralement sur scène, alors qu'elle chante tout le mal-être de sa génération – il fallait la voir gueuler son Squelette. La musique est un mélange de rock’n roll et de punk qui oscille entre la ballade et un côté décidément «trash»… Vraiment, à voir, pour tant soit peu qu’on aime ce qui sort des sentiers battus. Pour ceux qui seront à Tadoussac ce soir, ils remettent ça à 21h30 sur la scène Hydro-Québec.
Sinon, j’ai pu accrocher mon oreille quelques instants à la musique de Daniel Bélanger, qui présentait son nouveau spectacle, Joli Chaos, au sous-sol de l’église du village, entouré d’un trio de musiciens chevronnés, Carl Bastien, Jean-François Lemieux et le génial Alex McMahon. Après 11 ans d’absence au Festival, les fans étaient nombreux et attentifs.
Mais je ne suis restée que quelques minutes, ayant trop envie de voir pour la première fois Marie-Pierre Arthur en spectacle avec son premier album éponyme, une de mes révélations 2009 à ce jour. Allait-elle passer le cap du live? Sans problème! Accompagnée d’un band de quatre musiciens, basse ou guitare à la main, elle a enfilé sans efforts la plupart des pièces de son album, qui oscille entre pop aérienne et rock. Un succès, à en juger l’enthousiasme de la foule, nombreuse, qui a sauté sur ses pieds pour l’ovationner au rappel. Un grand sourire aux lèvres, elle semblait enchantée, et un peu intimidée, par un accueil si chaleureux.
Une photo très floue des Fatals Picards…
J'étais curieuse de voir les Fatals Picards, ce groupe de français aux chansons engagées et humoristiques. Existant depuis 1998, le groupe a une belle énergie sur scène et est assez marrant; et les fans français étaient nombreux sur le site de l’Auberge à s’énerver en chantant des pièces qu’il connaissait par cœur. Du Tryo irrévérencieux, ou du Noir Désir qui ne se prend pas au sérieux? Le groupe lui-même se décrit comme faisant du «punk pour les nuls»… ! Agréable à écouter, même si, personnellement je suis devenue lassée après quelques chansons, qui sonnaient un peu trop pareilles à mon goût.
Le soleil brille – encore – sur Tadoussac, même si de la fenêtre du Café Bohème je vois de gros nuages noirs prendre dangereusement la place du ciel bleu. Ces derniers auront-ils raison du spectacle en plein air de David Marin, qui a été reporté aujourd’hui malgré le beau temps qui régnait hier? En espérant que l’organisation n’aura pas à se mordre les doigts de ce changement d’horaire…
Parlant d’horaire, moi je conclus – déjà! – le festival en beauté ce soir avec au programme Catherine Major, MeLL et, cerise sur le sundae, Yann Perreau. D’ici là, je retourne faire une petite danse du soleil…