L’actualité étant ce qu’elle est, les présentations attendront.
À la surprise générale, Paul St-Pierre Plamondon annonçait qu’il briguera la chefferie du Parti Québécois. Dans son livre comme dans ses actions, il s’affirmait pourtant « orphelin politique ». Si son intention originale était de joindre le Parti Québécois, il aurait certainement été plus simple de le faire directement plutôt que de faire un colloque « générations d’idées », un livre et ainsi de suite.
Bref, pourquoi tenter de rejoindre le Parti Québécois s’il n’y se retrouvait pas il n’y a pas plus tard qu’un mois?
J’aimerais exposer ici deux possibilités. La première, celle que j’estime plus crédible, est qu’il amorce présentement une démarche pour fonder un nouveau parti. Il serait donc en train de créer un « build-up » politique en montrant que le Parti Québécois ne peut changer.
On peut facilement imaginer la séquence des événements découlant de sa candidature:
- Paul St-Pierre propose une réforme du Parti Québécois, comprenant notamment des réformes plus progressistes et une pause sur la question nationale.
- Malgré toutes les bonnes idées qu’il pourrait apporter, la base souverainiste « pure et dure » ne pourra se résoudre à voter pour un candidat ouvertement affiché fédéraliste. Cette dernière étant en contrôle du parti, Paul St-Pierre perdrait la course à la direction.
- Il serait alors libre d’affirmer que le PQ n’est pas capable de prendre le virage nécessaire pour accéder au pouvoir. Il pourrait alors justifier, aux yeux du public, la fondation d’un nouveau parti politique.
En somme, il reculerait pour mieux sauter, sans parler de la couverture médiatique qu’il gagne dans la démarche. Il referait, en quelque sorte, ce qu’a fait Mélanie Joly en se présentant à la mairie de Montréal.
La seconde possibilité, plus proche de ce qu’il affirme, est que sa volonté de battre les libéraux est plus grande que son dédain du Parti Québécois. Il abandonnerait donc son orphelinat pour tenter de battre le Parti Libéral du Québec. En somme, il aurait changé d’idée et abandonné son leitmotiv des dernières années.
Pour que le geste soit significatif, il doit démontrer que le potentiel électoral qui ne se retrouve pas au PQ le suivra dans sa démarche. Il devra donc convaincre que sa présence au PQ pourra réformer les éléments critiqués par la base politique orpheline. Pour réussir, il faudra aussi que cette base orpheline décide de voter pour le PQ (de par sa candidature ou pour une autre raison). C’est plus facile à dire qu’à faire, notamment parce que l’aspirant chef, comme le Parti Québécois, n’a pas que des qualités.
Un indicateur clé de la primauté d’un scénario par rapport à l’autre sera ce qu’il fera s’il perd la course à la chefferie. Restera-t-il au Parti Québécois ou non? Les décisions se mesurant en action plus qu’en paroles, il est donc peut-être plus sage d’attendre la fin de la course avant de tirer des conclusions que de se fier sur ce qu’il dira pour gagner la course. S’il décide de se joindre au PQ pour de bon, force est d’admettre que ce dernier ne changera pas beaucoup. En conséquence, ce serait les orphelins qui perdraient au change.
Il est aussi très possible qu’il ne puisse pas être candidat. Chaque candidat doit en effet recueillir 1 500 signatures de membres du PQ, avec au minimum 10 signatures par instances, de 45 circonscriptions, de 7 régions et déposer 20 000$ non remboursables.
Un gros contrat pour quelqu’un qui n’a pas d’organisation à l’interne (donc pas accès aux listes des membres).
Absolument. Si tel est le cas, il pourra aussi affirmer qu’il a tenté de joindre un véhicule politique qui refusa une réforme nécessaire. Le narratif serait cependant moins puissant.
Il est aussi possible qu’il ne réussisse même pas à rester candidat. Ceux-ci doivent déposer 20 000$ non remboursables en plus de rassembler, avant 1 500 signatures de membres, avec au minimum 10 signatures par instances, de 45 circonscriptions, de 7 régions; le tout avant le 30 juin.
Tout un contrat pour quelqu’un sans organisation dans le parti, donc sans accès à la liste des membres. La dernière fois, Lisée avait abandonné avant de réussir et il avait même dû lancer un appel à TLMP dans l’espoir de rattraper son retard alarmant dans cette course aux signatures (même si la barre était un peu plus haute, question de favoriser le dauphin PKP).
On verra s’il abandonne prématurément devant cet obstacle et qu’elle sera l’explication donnée. Va-t-il admettre son incapacité à recueillir les dites signatures (si c’est le cas) ? Va-t-il rester dans le parti et monnayer son appui au favori ? Va-t-il se retirer avec fracas pour fonder un fac-similé de la CAQ ?
Désolé de la répétition. Mon premier commentaire semblait être disparu même avec rafraîchissement de la plage.
Le lecteur intelligent l’ignorera de lui-même. 😉
J’ajouterais que je suis d’ailleurs très dubitatif devant le personnage de Plamondon. Il parle bien, il expose bien des valeurs intéressantes,. mais…
1) C’est un avocat de formation (sans discriminer les avocats, c’est quand même un milieu avec une formation donnant une certaine mentalité)
2) Il se présente comme le porte-parole des « orphelins politiques », comme si cette catégorie formait un groupe uniforme. Le tout sans avoir élu, ni même nommé, par qui que ce soit. Je me méfie instinctivement des gens qui s’autoproclame représentant officiel de qui que ce soit.
3) Moins deux semaines après avoir organisé un mouvement qui affirme que « les deux vieux partis de gouvernement ne représentent plus une alternative politique crédible pour les Québécois, », il prend sa carte d’un de ces partis et se lance à la course à la direction de celui-ci.
4) L’excuse qu’il donne pour ce revirement ? Les quatre candidats actuels à la direction sont tous progressistes et ouverts d’esprit, et qu’ils ont invité les orphelins politiques à se joindre au parti.
Parce qu’il est invité, il répond automatiquement à l’invitation (Je ne comprends alors pas Éric Caire ne n’avoir pas répondu en 2009 à Marois qui l’invitait à rejoindre le PQ). Comme raison, j’ai vu mieux.
5) Parce qu’il aime les quatre candidats actuels…il se présente contre eux.
6) Il le fait, dit-il, pour, et je cite: « reconnecter les électeurs au PQ ». Ce que TOUS les candidats à la direction (incluant ceux qui sont devenus chefs) tentent de faire depuis plus de 10 ans. Et c’est ce que Legault tente de faire avec la CAQ, depuis avant même la fondation de celle-ci.
La vraie lecture d’un vrai orphelin politique aurait dû être: « Tenter de reconnecter le PQ aux électeurs ».
C’est une perspective que je comprends. J’essaie de ne pas prêter d’intention « affairiste » à M. Plamondon. Il faut aussi comprendre que faire de la politique professionnelle requiert aussi de « jouer la game ». Somme toute, je pense que sa présence puisse apporter du bon (indépendamment de la tactique).
Cela dit, je trouve que le premier scénario est plus cohérent avec ses propos et actions passées que le second. C’est pourquoi je pense que son amour soudain pour le PQ est à prendre avec un grain de sel. Ceci étant dit, il est aussi possible qu’il ait simplement changé d’avis!
La question qu’il faut se poser, c’est : qu’est-ce que la société québécoise y perdrait. Nous avons grandement besoin de penseurs et d’idéalistes pour nous faire évoluer. La politique est un mal nécessaire et si il prend le risque de s’y perdre, nous devons le supporter. Appuyons Paul St-Pierre Plamondon, un homme de grande valeur.
Mon billet ne juge pas vraiment de son apport « bénéfique » ou non à la société québécoise, mais essaie plutôt d’esquisser des scénarios probables expliquant son comportement. Il est plus prudent de laisser l’histoire s’écrire avant de la juger.
Trop compliquée, confuse sa démarche, sa stratégie, au mec.
Il va s’écraser comme un dirigeable de plomb.
Une des raisons pour lesquelles je ne veux plus rien savoir du PQ, c’est leur tendance à la tétrapilectomie, aux arguties byzantines, aux labyrinthes stratégiques et à ce qu’ils font aux mouches, tous moins crédibles les uns que les autres. C’est soit une joute d’intellectuels, soit du nationalisme d’exclusion.
Bel échantillon.
Non merci. On a un écosystème en danger. Mes priorités ont changé.