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Paul St-Pierre et le Parti Québécois

L’actualité étant ce qu’elle est, les présentations attendront.

À la surprise générale, Paul St-Pierre Plamondon annonçait qu’il briguera la chefferie du Parti Québécois. Dans son livre comme dans ses actions, il s’affirmait pourtant « orphelin politique ». Si son intention originale était de joindre le Parti Québécois, il aurait certainement été plus simple de le faire directement plutôt que de faire un colloque « générations d’idées », un livre et ainsi de suite.

Bref, pourquoi tenter de rejoindre le Parti Québécois s’il n’y se retrouvait pas il n’y a pas plus tard qu’un mois?

J’aimerais exposer ici deux possibilités. La première, celle que j’estime plus crédible, est qu’il amorce présentement une démarche pour fonder un nouveau parti. Il serait donc en train de créer un « build-up » politique en montrant que le Parti Québécois ne peut changer.

On peut facilement imaginer la séquence des événements découlant de sa candidature:

  1. Paul St-Pierre propose une réforme du Parti Québécois, comprenant notamment des réformes plus progressistes et une pause sur la question nationale.
  2. Malgré toutes les bonnes idées qu’il pourrait apporter, la base souverainiste « pure et dure » ne pourra se résoudre à voter pour un candidat ouvertement affiché fédéraliste. Cette dernière étant en contrôle du parti, Paul St-Pierre perdrait la course à la direction.
  3. Il serait alors libre d’affirmer que le PQ n’est pas capable de prendre le virage nécessaire pour accéder au pouvoir. Il pourrait alors justifier, aux yeux du public, la fondation d’un nouveau parti politique.

En somme, il reculerait pour mieux sauter, sans parler de la couverture médiatique qu’il gagne dans la démarche. Il referait, en quelque sorte, ce qu’a fait Mélanie Joly en se présentant à la mairie de Montréal.

La seconde possibilité, plus proche de ce qu’il affirme, est que sa volonté de battre les libéraux est plus grande que son dédain du Parti Québécois. Il abandonnerait donc son orphelinat pour tenter de battre le Parti Libéral du Québec. En somme, il aurait changé d’idée et abandonné son leitmotiv des dernières années.

Pour que le geste soit significatif, il doit démontrer que le potentiel électoral qui ne se retrouve pas au PQ le suivra dans sa démarche. Il devra donc convaincre que sa présence au PQ pourra réformer les éléments critiqués par la base politique orpheline. Pour réussir, il faudra aussi que cette base orpheline décide de voter pour le PQ (de par sa candidature ou pour une autre raison). C’est plus facile à dire qu’à faire, notamment parce que l’aspirant chef, comme le Parti Québécois, n’a pas que des qualités.

Un indicateur clé de la primauté d’un scénario par rapport à l’autre sera ce qu’il fera s’il perd la course à la chefferie. Restera-t-il au Parti Québécois ou non? Les décisions se mesurant en action plus qu’en paroles, il est donc peut-être plus sage d’attendre la fin de la course avant de tirer des conclusions que de se fier sur ce qu’il dira pour gagner la course. S’il décide de se joindre au PQ pour de bon, force est d’admettre que ce dernier ne changera pas beaucoup. En conséquence, ce serait les orphelins qui perdraient au change.