J’ai toujours été sceptique face aux ouvrages qui nous annoncent une méthode, en condensé, pour apprendre ceci ou cela.
Pour moi, il me semble, la bande dessinée, ce n’est pas un apprentissage simple. Ça nécessite du travail, de la sueur, de l’organisation, de la patience. Avec, oui, de la créativité et du talent. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut synthétiser en quelques pages. Pas plus qu’apprendre à faire de la BD, c’est apprendre à dessiner. Toujours à mon avis, évidemment (je me garde une petite gêne). Comme ressources, j’ai tendance à me fier aux livres de référence, souvent assez détaillés et volumineux. Et pour l’apprentissage, au-delà des séances d’introduction offertes ça et là, il y a soit la pratique, soit l’Université du Québec en Outaouais, sois les deux.
Dans ce contexte (c’est le moment de l’anecdote personnelle de cette note de blogue), vous comprendrez que quand le Festival de la BD francophone de Québec m’a proposé d’animer une rencontre d’auteur avec Jean-Marc Pacelli, qui venait d’offrir chez Premières lignes (avec Victor Brideau) un petit livre pour apprendre à faire de la BD (intitulé Ta BD en 9 étapes), un de mes sourcils (celui qui indique le scepticisme) s’est élevé (signifiant ainsi son scepticisme). Cela dit, malgré ce scepticisme (dûment affiché), j’ai accepté l’offre. Et, en tant que bon sceptique ayant grandi à cette époque où le capitaine Bonhomme apparaissait sur nos écrans, j’ai été confondu.
Au contact du livre, une première observation : on ne cherche pas à m’apprendre à dessiner.
En fait, ce que les auteurs proposent, c’est plutôt d’apprendre à structurer un récit, dans le contexte d’une bande dessinée. On met plutôt de l’avant différents degrés de capacité en la matière, suggérant au lecteur d’adapter son récit et ses attentes à ces capacités. On suggérera évidemment au bédéiste en herbe de travailler le côté graphique de son ouvrage, mais dans une perspective de cohérence et de répétition. Dessiner et redessiner le personnage principal, question que sa composition devienne un réflexe. Faire des croquis de son protagoniste dans une variété de contextes. Etc.
L’ouvrage, destiné d’abord à un jeune public, est issu des notes du cours d’introduction qu’offre Victor Brideau depuis des années déjà en Outaouais. Les étapes (au nombre de 9, titre oblige) viennent ainsi synthétiser le processus de création d’une BD, indépendamment du style graphique de son auteur ou de son style de récit (on mettra toutefois à l’avant les principaux styles de BD : franco-belge, manga, comics américains).
On commence ainsi avec l’idée de départ. Puis, le développement du récit. La création des personnages. La scénarisation et la mise en scène des planches. La base, quoi. Proposé sous forme de dialogue entre le professeur (une version BD de Brideau), on cherche à faire passer tout ça sous forme ludique.
Évidemment, le livre ne viendra pas remplacer les ouvrages de référence en BD. Et je ne crois pas que ce soit là son objectif. Pas plus qu’il ne vient remplacer un cours approfondi en la matière. Si ma mémoire n’est pas défaillante, Jean-Marc Pacelli me disait que l’objectif était d’offrir un point de départ. Une base. Question d’offrir la possibilité à un jeune amateur de BD de faire une première bande dessinée, courte ou longue, mais de bien la faire. De prendre conscience qu’il y a pas mal plus en ce qui concerne le 9e art que simplement des dessins dans des cases. Et qu’il y a un gros travail à faire en amont de tout ça.
Un bon point pour l’intention, donc. Et un bon point également pour l’exécution. Les deux auteurs ont bien ciblé leur public, se sont donné un objectif viable et ont réussi à l’atteindre. Chapeau.