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Le quotidien du policier en BD

« Chaque flic doit garder à l’esprit qu’il existe avant tout pour le Chiffre. On ne lui demande pas d’avoir foi en le Chiffre, mais simplement de le pratiquer au quotidien. Sans se poser de question. Et avec ferveur si possible. Le Chiffre peut devenir une maladie. Certains flics pensent bien faire, en vouant, envers et contre tout bon sens, leur carrière au Chiffre. Le Chiffre est l’opium de la police. »

On connaît bien peu le travail des policiers. Leur quotidien. Au-delà des émissions « réalité » dans la veine de Cops. Au-delà des gaffes médiatisées. Au-delà des idées, stéréotypes ou non, véhiculées à travers le cinéma et la télé, ici ou ailleurs…

En France, l’auteure Bénédicte Desforges, policière, a décidé d’écrire deux ouvrages, deux romans, sur son quotidien de « flic ordinaire ». Peut-être avez-vous eu l’occasion de les parcourir? Récemment, l’esprit de ses récits a été adapté en format bande dessinée chez Casterman. Une narration, un regard, sur ce métier, sur les perceptions qu’on en a. Et quelques anecdotes. Le tout accompagné du dessin de Séra.

« J’ai menotté des gens qui avaient comme seul tort d’être là au mauvais moment. J’ai menotté dans le doute. J’ai menotté par erreur. J’ai menotté de vrais cons. Et de braves cons. J’ai menotté vraiment plein de gens.  »

En entrevue, Séra disait avoir été séduit par l’honnêteté du récit de Bénédicte Desforges. Cette honnêteté, on la sent dans ce récit. Un survol, avec poésie, avec amour du métier, oui, mais également avec ce qu’on ressent comme un réalisme, comme une volonté de ne pas mentir sur « ce que c’est vraiment », d’être flic.

Des impressions sur le métier, la narration de Desforges nous amènera aussi vers des moments plus noirs, plus sombres. Des incidents de parcours. Des morts. « À toutes les histoires de policiers en carton, j’ai toujours préféré celles des flics, de mes collègues, et celles que j’ai vécues. Sans gloire, sans héros, sans lumière », dira d’ailleurs l’auteure en préface.

Les anecdotes défilent. Les réflexions aussi. Flic se lit rapidement. Peut-être trop. C’est le genre de bande dessinée qu’on doit lire une fois, puis relire. Pour prendre le temps d’observer un peu. Pour saisir le rythme de ses dialogues intérieurs que nous propose Desforges. Pour apprécier le trait de Séra, dont le dessin est un complément fort adéquat à l’esprit et l’ambiance des récits qu’il illustre.

Si le récit est bref, reste qu’il offre une incartade, un aperçu, une image, du métier de policier qui, au fil des années, n’a été que fort peu diffusé. Loin du glamour autant que de la sottise. Et une incartade qui donne aussi envie de jeter un coup d’œil aux autres narrations, non illustrées cette fois, de Desforges.

« Être flic, c’est vivre une vie, de toutes petites histoires de rien du tout, du quotidien, du banal, de l’anonyme, sans début ni fin. Être flic, c’est toute une vie. »