BloguesLa vie en BD

Lectures récentes (3)

Iris & Zviane
L’ostie d’chat (tome 3)
(Delcourt)

Sur ce titre, je dois l’avouer, je suis en mode rattrapage : le troisième tome de cette BD feuilleton s’est retrouvé chez les libraires cet été. Et, si vous ne l’avez pas (encore) lue, sachez que, d’un tome à l’autre, elle mérite entièrement votre attention.

L’aventure a commencé, pour Iris et Zviane, d’abord sur le Web : un blogue BD, réalisé à quatre mains (dessin et scénario partagé). Un dialogue bédéesque réalisé à raison d’une planche par semaine, où chacune des auteures s’intéressait tout particulièrement à « son » personnage (précisons qu’on y suit le quotidien de deux jeunes hommes, Jasmin et Jean-Sébastien, aux allures d’éternels adolescents).

Entre la trame principale et quelques flash-back, on suivra ces deux protagonistes sur une courte période, charnière dans leurs relations (entre eux, et dans leur quête de l’être aimé). On passe, au fil des pages, d’anecdotes légères à des considérants plus graves, d’histoires rocambolesques à des épisodes plus lourds. On impose un bon rythme à la lecture. Les univers visuels des deux dessinatrices se métissent agréablement. Et on termine la lecture des trois tomes satisfaits. Un récit qui, certes, a ses petites imperfections, mais qui, à mon sens, mérite amplement le détour.

 

Mathieu Gabella & Stéfano Palumbo
La Grande évasion – Le Labyrinthe
(Delcourt)

Une nouvelle série à saveur thématique. Après une suite autour du nombre sept (Sept clones, Sept pistoleros, Sept personnages, etc.), Delcourt amorce maintenant une série sur le thème des grandes évasions. Déjà quatre titres de parus (dont ce Labyrinthe) où le récit est centré sur, justement, l’idée de l’évasion. Et, ici, les protagonistes doivent réussir à sortir du labyrinthe de Dédale (tout droit sorti de la mythologie grecque), rien de moins!

Cela dit, Mathieu Gabella et Stéfano Palumbo ont choisi non pas de placer leur récit dans l’Antiquité, mais plutôt à l’époque moderne. Et de faire de ce labyrinthe un lieu aux saveurs mystiques dont les énergies influencent mémoires et identité. Une expédition, formée d’un groupe disparate de spécialistes tous azimuts, est donc confrontée à l’endroit. Ses survivants devront affronter le labyrinthe jusqu’à son cœur, percer son secret, et en ressortir… L’univers que l’on crée au fil des pages n’est pas sans intérêt, mais, malheureusement, nécessite beaucoup (voire trop) d’explications…

En résulte donc un one-shot ambitieux, aux prémices intrigantes, mais qui s’essouffle en cours de route, pour devenir peut-être à la fois trop complexe et bavard. Malheureusement.

 

Richard Marazano & Malo Kerfriden
Otaku Blue 1 : Tokyo Underground
(Dargaud)

Une autre amorce qui n’est pas sans intérêt : une histoire policière, affaires de meurtres, autour d’un milieu underground composé de fanatiques de manga – les Otaku du titre – qui ont fait de leur passion une part intégrale de leur réalité. Intérêts virtuels autant que culture vestimentaire.

Le récit de Richard Marazano est scindé en deux axes : d’un côté, l’enquête menée par deux policiers, l’un jeune, l’autre expérimenté, aux saveurs archétypales; de l’autre, une recherche in situ sur le milieu otaku menée par une jeune universitaire. Les premiers, à la recherche d’un tueur mystérieux qui semble être en voie de se créer un monstre à la Frankenstein, la seconde en quête d’un mystérieux Otaku qui s’est retiré de la société il y a de ça quelques années…

Le récit est globalement bien mené, mais qui pourrait sembler bancal, si ce n’était de ces incartades dans cette culture underground mi-réelle, mi-inventée. C’est justement ces éléments qui permettent à ce récit de se démarquer des autres titres du genre, le volet « social » étant bien présent dans cette première partie de diptyque. Le tout appuyé par le dessin de Malo Kerfriden, plutôt réaliste, mais qui intègre quelques touches de manga (de façon fort à propos). Conventionnel, mais non sans intérêt.