Au fil de ses six tomes (bientôt sept!) la série Le Crépuscule des dieux a fait connaître à un public bédéesque avide de fantastique le talent au dessin de Djief. Un dessin sérieux. Carré. À l’image de l’univers mythologique (inspiré de l’univers celtique en général et de la saga de l’anneau de Nibelung rendue célèbre par Wagner) qui y est développé. Un univers graphique qui sied fort bien à la série scénarisée par Nicolas Jarry et Jean-Luc Istin.
En parallèle, l’auteur de Québec a décidé de s’attarder à la science-fiction, un univers à la fois graphique et narratif dont il a toujours été friand. Et, cette série, il a choisi de l’attaquer en portant le double chapeau de scénariste et de dessinateur. Le tome 1 de White Crows (intitulé Cœur d’acier) est arrivé en magasin pendant l’été 2011. Puis, un deuxième tome a suivi, arrivé sur les étaux des libraires en novembre dernier. Un troisième? Peut-être. Si la demande y est.
L’univers de White Crows est résolument ludique. Couleurs vives. Traits ronds (à l’image de l’architecture de l’univers imaginé par Djief). Humour. Et références (par exemple : le principal protagoniste de la série est nommé Willis, en lien avec le Cinquième élément de Besson – et Mézières!). On y suit les tribulations d’un père et de sa fille, à la fois dans un volet quotidien et dans un second, aux incidences plus large – le sort des humains est en jeu! En seconde couche, l’auteur intègre des préoccupations et des résonnances plus graves à cet univers léger – notamment, les humains sont dans cet univers des citoyens de seconde zone, référence et exploration de considérations liées à la ségrégation raciale (une thématique que le tome 2, Le clan des Suprématistes, aborde d’ailleurs de front).
Bref, White Crows est un agréable jeu d’équilibre entre légèreté et gravité, ponctué d’humour et d’action, truffé de références ou clins d’œil aux univers de science-fiction à la sauce années 1980. Une série (et deux tomes) qui, sans être parfaits, méritent d’être lu.
J’ai d’ailleurs eu l’occasion, tout récemment, de rencontrer Djief autour de la sortie de ce second tome. Une rencontre d’une quinzaine de minutes qui aborde, justement, les explorations thématiques, le volet humoristique, et le travail derrière l’album. Voici :