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On décroche jeune de la BD…

Semble-t-il que, pour la majorité des lecteurs (en Europe, du moins), on décroche jeune de la bande dessinée… Avant l’âge de 25 ans, en fait.

C’est la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image qui a offert, en fin d’année 2012, une étude nationale (française) sur la lecture de BD (en collaboration avec le service d’études et de recherche de la Bibliothèque publique d’information). En bref : des sources qui me semble à la fois viables et fiables.

Portrait général (tiré du sommaire de l’enquête, que vous pouvez lire ici) : « En 2011, plus de trois Français sur quatre déclaraient avoir déjà lu des bandes dessinées : 29% au cours des 12 derniers mois et 47% antérieurement. En matière de lecture de bandes dessinées, la population française peut ainsi être répartie en trois groupes d’inégale importance : les lecteurs actuels, les anciens lecteurs et les non-lecteurs, qui représentent à peine un quart de l’effectif (23%). On peut ainsi estimer que le lectorat actuel de la bande dessinée en France compte un peu plus de 16 millions d’individus. »

Et, dans cela, plus de lecteurs que de lectrices. « À la différence de la plupart des genres de livres, en particulier des genres relevant de la fiction6, la bande dessinée reste une pratique plus masculine que féminine : la proportion de femmes n’en ayant jamais lu est plus de deux fois supérieure à celle des hommes (32% contre 14%). »

Parmi leurs constats, un ressort tout particulièrement : tel que mentionné, on « décroche » jeune de la BD.

Qui lit le plus de bande dessinée? Les 11 à 14 ans, selon l’enquête (90% d’entre eux ont déclaré lire des BD). Et, tranquillement, alors que les années passent, le nombre de lecteur diminue. De plus en plus de gens se déclare « ancien lecteur » plutôt que « lecteur tout court ». Pourquoi? Trois raisons sont citées : pour 41% des anciens lecteurs, c’est la perte d’intérêt, tout simplement; 40% invoquent plutôt le manque de temps; et, enfin, 35% disent tout simplement être passés à autre chose, en matière de culture.  De plus : « Le nombre de bandes dessinées lues au cours de l’année va décroissant à mesure que l’âge avance : il est de 37 bandes dessinées chez les lecteurs de 11 à 14 ans, puis tombe à 12 chez les 15-17 ans, 9 chez les 18-24 ans, et reste compris entre 6 et 7 chez les 25-59 ans. »

Cela dit, la bonne nouvelle c’est que, de plus en plus, on remarque que la BD n’est plus stigmatisée comme « sous genre », « lecture pour enfant » ou autre qualificatifs plutôt négatifs chez les Français…

« Longtemps stigmatisée comme un genre mineur, la bande dessinée bénéficie désormais d’une image globalement positive. Si elle apparaît sans surprise comme une lecture de détente pour 92% des Français âgés de 15 ans et plus, elle est dans le même temps considérée comme un art à part entière pour une majorité d’entre eux (78%), et susceptible par ailleurs de servir de passerelle vers d’autres domaines culturels. »

Et on saute à la conclusion…

« Pour un nombre important de lecteurs, la lecture de bandes dessinées apparaît aussi comme une pratique relativement peu investie qui compte beaucoup d’occasionnels : on s’en détache assez facilement, elle ne demande pas en général un investissement important en temps ni un gros effort de lecture9. Considérée majoritairement comme une activité de détente, d’évasion, voire comme un passe-temps, la lecture de bandes dessinées serait, selon ses lecteurs eux-mêmes, un divertissement comme un autre. Pourtant, elle est reconnue par une majorité de Français comme un art à part entière : comme si la pratique était moins légitime que le genre lui-même. »

Voilà pour la France. Petit rappel : pour le sommaire (d’où les extraits sont tirés), c’est ici. Et pour la version intégrale de l’étude, c’est là.

En attendant une version québécoise de cette enquête!