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Nevada, l’archétype du western contemporain

Cette bande dessinée est arrivée, il y a déjà plusieurs semaines de ça, sur mon bureau. Sans s’annoncer. On déballe l’envoi, on la prend, l’observe de manière dubitative pendant quelques instants, puis on la dépose. Le temps de l’oublier un brin. Puis on farfouille sur le Web. Voir un peu ce qui s’en vient. Prendre un peu d’information sur ce qui est arrivé… Et on découvre que cette BD, c’est un produit d’ici. Souhaitant jeter un coup d’œil sur la production québécoise de la manière la plus suivie possible, je m’en saisis. La lit. Je la déposerai quelque temps plus tard, une fois lue.

Nevada. Premier tome. Un scénario de Xavier Hardy et Fabien Dreuil qui nous amène dans l’Ouest américain, qui nous entraîne, d’une façon, dans l’univers du western, façon Sergio Leone. Mais pas celui de cette mythique « conquête de l’Ouest ». Non. Avec Nevada on est dans le western contemporain. Les archétypes du genre y sont. Son esprit, son âme. Mais les chevaux ont été remplacés par des camions, des motos, des automobiles. Ses saloons par des bars. Vous voyez le portrait…

L’album débute, nous sommes à Nevada City. Visiblement, en plein cœur d’un conflit entre deux clans opposés (une explosion ponctue les premières planches, après tout). D’un côté, le riche propriétaire terrien. De l’autre, le propriétaire de la station-service locale. L’un veut acheter la propriété de l’autre, pour asseoir plus avant sa domination sur la ville. L’autre refuse.

C’est dans ce contexte qu’entre Marvin Gaye. Un type mystérieux, sur lequel on sait, au départ, bien peu de choses. Passé militaire. Passé un brin trouble. Mais c’est tout. Véritable tank humain, il débarque en outsider dans ce conflit et, rapidement, donne son soutien, son appui, au propriétaire de la station-service, Sam. Une aide qui fera peut-être pencher la balance dans ce conflit. Et qui, déjà, a son impact dans la petite famille de Sam, tout particulièrement auprès de sa fille adoptive, qui se lie d’amitié avec la brute, alors qu’à l’école, elle vit au quotidien de l’intimidation de la part de certains camarades.

Je n’en dis pas plus.

Nevada, premier tome, c’est l’archétype du western, de ses figures patibulaires, de ses enjeux, de son code d’honneur bien particulier. C’est une histoire bien ficelée, au fil des pages, au fil des cases. Et au fil des révélations aussi, qu’on sait bien doser. Assez pour garder le lecteur sur sa faim, pour lui donner envie de les tourner, ces pages. Mais assez également pour qu’il se sente happé dans l’univers proposé par le trio d’auteur, dans sa compréhension. En fait : Nevada, c’est un crescendo. Une montée dramatique, vers une explosion de violence, de trouble, qu’on imagine inévitable.

Tout ça, porté par le dessin de Simon Leclerc. Un trait sombre, à l’ancre bien présente, qui vient ajouter sa contribution à l’ambiance suggérée par le récit de Fabien Dreuil et Xavier Hardy. Cela, avec une maîtrise du trait, de la composition, qui est fort impressionnante, considérant qu’il s’agit là du premier album de ce jeune dessinateur, début vingtaine.

Nevada mérite bien d’être lu. Une agréable surprise dans le panorama de la BD faite au Québec. En attendant (et en espérant) la venue de la seconde partie (et la finale) de l’histoire… Question de voir jusqu’où nous mènera ce crescendo… Question que notre appétit de lecteur puisse être assouvi!

Vous voulez en savoir un peu plus sur l’album, sur son processus de création? J’ai eu l’opportunité, le mois dernier, d’en discuter un brin avec l’un de ses scénaristes, Fabien Dreuil. Ci-bas, petite discussion d’une douzaine des minutes…