BloguesLa vie en BD

Quand Guy Delisle croque Québec

Le projet a commencé avec une résidence, en juillet-août 2012.

Un mois à Québec, dans le cadre des résidences d’auteur initiées par le Festival de la bande dessinée francophone de Québec. L’objectif? Y développer un projet. Y travailler sur la BD. En lien, évidemment, avec la Capitale. Le premier invité? Guy Delisle. Auteur originaire de Charlesbourg qui, incidemment, venait tout juste d’être récompensé du Fauve d’or à Angoulême pour ses Chroniques de Jérusalem.

Point de départ de son séjour, son enfance, sa jeunesse, son adolescence. Né à Québec, il y avait grandi, il y avait travaillé. Puis, il y a une vingtaine d’années, il avait quitté la ville et la province, pour aller s’établir en France, où il devait travailler dans l’animation, puis dans la bande dessinée. Un retour en lien avec cet héritage, donc, mais aussi avec les ouvrages qui l’auront tout particulièrement fait connaître : Pyongyang, Shenzen, Chroniques birmanes, Chroniques de Jérusalem. Des livres de voyages. Des témoignages. Des documentaires in situ, où l’auteur découvre une ville et un pays, au fil de ses contrats dans l’animation (pour les premiers) ou des charges de sa compagne, travaillant pour Médecins sans frontières (les seconds).

Et si l’auteur revenait à Québec, un bref moment, pour observer la ville, pour reprendre contact avec elle, un peu à la manière de ses séjours à l’étranger?

C’est là, si on veut, l’amorce du projet.

Et, comme tout bon projet, il est également appelé à changer, à évoluer.

Le décalage imaginé pour l’auteur qui séjourne depuis 20 ans en France, qui n’est revenu à Québec que pour y visiter sa famille, quelques jours çà et là, n’est pas au rendez-vous. Il s’y sent chez lui. L’usine White Birch, dans laquelle il a travaillé, et qui devait servir de base à une redécouverte d’un lieu qu’il a fréquenté au fil de trois étés dans son adolescence, est fermée. Grève oblige. Il ne pourra pas s’y intéresser.

Résultat? Il choisit de se promener, avec son carnet de croquis, ses crayons à la main. Il choisit de croquer Québec. Et, surtout, d’aller au-delà de la carte postale.

Ce qu’on découvre dans Croquis de Québec, c’est la Capitale, vu par Guy Delisle. À la fois par l’enfant de Québec. À la fois par le dessinateur. Des lieux qui l’ont marqué, comme l’usine White Birch, y sont évidemment présents. Des lieux emblématiques, comme le Château Frontenac ou l’édifice Price, s’y retrouvent aussi. Mais, en cheminant dans les rues de la ville, dans Saint-Sauveur, Saint-Roch, le Vieux-Québec et d’autres quartiers, il a aussi découvert d’autres endroits, d’autres points de vue. Inhabituels, peut-être. Surprenant. Ou qu’on se surprend, tout simplement, de voir dans ce type de recueil. Fort heureusement d’ailleurs!

Un peu comme le dit le directeur général du Festival, Thomas-Louis Côté, en préface du volume : « Ce recueil vous offre une occasion privilégiée de voir la ville à travers les yeux, et les images, de cet auteur globe-trotteur. »

Le tout, dans un volume réalisé en ayant en esprit la matière première, le carnet de croquis. Publication plus petite qu’à l’ordinaire. Question de replonger dans le format, porteur de contraintes, choisi par Guy Delisle lorsqu’il a croqué Québec.

Un livre à découvrir, pour les amoureux de Québec ou les curieux.

Et ceux qui veulent profiter de ce regard. Le réfléchir. Le comprendre. L’apprécier.

Le livre est disponible dès aujourd’hui en librairie, édition conjointe de Pow Pow et du Festival de la bande dessinée francophone de Québec.

Enfin, si vous souhaitez en savoir un peu plus sur le travail réalisé par Guy Delisle lors de son passage à Québec, sur son approche quant aux croquis, sur les ponts qu’il est possible de faire entre le travail mené à Québec et celui réalisé pour ses autres ouvrages rattachés au voyage, je vous incite à écouter (si ce n’était déjà fait) cette entrevue que j’ai eu le plaisir de réaliser, en août 2012, avec Guy Delisle, dans les derniers jours de sa résidence dans la Capitale. Ces thématiques sont tout particulièrement développées dans la première partie de la rencontre (de 45 minutes).

Tiens, je vous la mets ici pour ne pas que vous ayez besoin de chercher…

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