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Promise: un Western crépusculaire chez Glénat

C’est gris. C’est sombre. C’est lourd.

Et c’est beau.

Une ambiance trouble créée par Mikaël porte le scénario de Thierry Lamy dans ce premier tome de Promise, Le livre des derniers jours, chez Glénat. Une BD à saveur thriller. Un western à saveur fantastique. Un huis clos sur fond de deuil, de sentiments coupables, de possession.

Le livre s’ouvre. Un révérend et son chien. Ou plutôt, sa bête. Ils s’amènent, malveillants, mystérieux. En plein hiver. Vers Promise, ce village en plein cœur des Rocheuses. Un mari disparu. Une femme adultère. Un village déboussolé, ayant perdu son curé, ayant perdu ses repères. Un échiquier dans lequel l’homme diabolique prendra rapidement sa place, en son cœur. Avec, pour seule opposition, une jeune fille, celle du disparu, à la recherche de son père, à la recherche de la vérité… Seule capable, en apparence, de voir clair à travers les jeux manipulateurs et magiques du nouvel arrivé.

Le récit est dense et pensant. Mais aussi rythmé et intrigant. Bien écrit et bien mis en scène. Des moments plus psychologiques aux combats. De sa violence bien affirmée, à ses moments plus méditatifs. En passant par ses incursions vers le chamanisme. Tout pour en faire un récit bien équilibré.

Et également un récit aux antipodes, visuellement, de ce que Mikaël a pu nous offrir, au fil des récentes années. L’homme qui s’adonnait à la BD jeunesse (notamment avec ses Circus, Neige ou Nuages) passe maintenant, au dessin, à l’univers plus adulte (après s’être attaqué au scénario de la
série à saveur science-fiction Rapa Nui). Exit les couleurs vivent et le dessin souriant qui peuplait son univers visuel. L’artiste, pour Promise, s’est rien de moins que réinventé. Et, comme vous l’avez compris : la réinvention fonctionne. Le style adopté en adéquation, en appui, avec l’univers pensé par Thierry Lamy.

Sans en dire plus, j’ai bien hâte de voir cette série évoluer, au fil des trois tomes annoncés, question de voir et de saisir tous les ingrédients qui formeront son tout. Chose certaine : avec ce premier tome, on a un point de départ solide, bien réussi. Qui mérite largement le détour.

Enfin, si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur le processus de réalisation de cette BD, et le travail entamé par Mikaël pour repenser son style, vous pouvez écouter ce bref entretien (moins de 15 minutes) réalisé avec le bédéiste tout récemment :