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Bande dessinée: plus d’auteures, plus de lectrices, plus d’héroïnes

En route vers la prochaine édition des Rendez-vous de la BD, à la bibliothèque Gabrielle-Roy, j’ai eu l’occasion hier soir d’échanger un brin avec l’animateur de ces rencontres, Michel Giguère.

Pour son prochain événement, prévu le 16 octobre 19h (dans le cadre de Québec en toutes lettres), il s’est intéressé à la question des femmes en BD : lectrices, auteures, héroïnes. Un sujet certes inspiré par la thématique 2013 du festival (Gabrielle Roy et l’imaginaire des femmes), mais qui, également, aura tôt fait de montrer son actualité, au fil de la recherche : la place toujours grandissante des femmes autour du médium de la bande dessinée.

Il faut dire qu’il n’est pas rare d’entendre la question des « femmes en BD » d’un festival à l’autre, d’un panel à l’autre… Certes : le sujet a été abordé à moult occasions. Mais, tout de même… Quand on regarde la sphère BD et son évolution au fil des dernières décennies, on ne peut que constater qu’elles sont de plus en plus nombreuses à en lire et à en faire, de la BD. « Invité à une émission de télé culturelle pour présenter les grandes tendances actuelles du monde de la BD, le marché, la production, j’avais gardé pour la fin de l’entrevue ce qui me semble être l’un des phénomènes majeurs et peut-être le plus enthousiasmant de l’évolution de la BD depuis 15 ou 20 ans : la place de plus en plus importante prise par les filles, par les femmes, dans le médium et face au médium », me disait-il.

La résultante? Un élargissement du lectorat, de la pratique amateur, des personnages qu’on y trouve. Plus de lectrices, plus d’auteurs, plus d’héroïnes. Dans les cours de BD qu’il offre aux adolescents et adultes, Michel Giguère me disait avoir vu la proportion de femmes passer de 20% à 50% de son audience. « Et les effets de cet élargissement du lectorat et de la pratique amateur commencent tout juste à se faire sentir : une partie des lectrices et bédéistes en herbe vont publier, devenir professionnelles, être lues et, à leur tour, susciter des vocations! Un processus à mon sens irréversible s’est enclenché, qui modifie l’offre, les thématiques, voire la prédominance des genres. »

Ce qui m’a amené à la grande question : pourquoi? Pourquoi cette tendance (fort positive) actuellement? Pour le plaisir (et pour sa recherche), mon interlocuteur avait monté un inventaire de ces héroïnes qu’on a vu au fil des planches. Citons : Bécassine, La Semaine de Suzette, 13, rue de l’Espoir, Les Labordet, Yoko Tsuno, Sophie, Bidouille et Violette, Archie, Mafalda… Force est d’admettre qu’il y en a eu. Mais reste qu’on ne peut pointer vers ces héroïnes ce regain (ou gain) d’intérêt féminin envers la BD. Pour Michel Giguère, il faut plutôt cibler deux tendances, deux phénomènes : la vague déferlante du manga, et le développement du genre « intimiste » (BD autobiographique, autofiction, etc.) dans lequel, notamment via le format « blogue », nombre de créatrices se sont illustrées.

« Il y a maintenant tellement de personnages féminins et d’auteures que ça devient impossible de toutes les présenter », me dit-il… Cela tout en soulignant que, au bénéfice du communiqué et du descriptif de son activité, il a dû faire des choix (et des coupes!): « De Betty Boop à Nana, en passant par Zviane et Bretécher, de toutes les époques, de toutes les nationalités, plurielles et étonnantes, elles ont doucement conquis leur place dans le 9e Art. »

Si vous voulez poursuivre le dialogue, et entendre parler de ces auteures et de leurs créations (question de les découvrir ou redécouvrir), n’hésitez pas à aller faire un tour mercredi 16 octobre prochain, à la bibliothèque Gabrielle-Roy, pour profiter de ce Rendez-vous de la BD entièrement gratuit.

Pour info : www.bibliothequesdequebec.qc.ca.